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Les opérateurs étirent leur couverture

Friture, coupures, puis plus de réseau de tout : là où les montagnes commencent et où le nombre d’habitants diminue, le mobile reste muet. Mais à grand renfort de moyens financiers et de circulaires du gouvernement, la couverture du réseau de téléphonie mobile pourrait bientôt s’étendre à la totalité de l’Hexagone.

Vous voici en panne dans le sud du Vercors, et votre téléphone portable, bien pratique dans ces circonstances, reste totalement muet. Malheureusement, rien là d’accidentel ; vous êtes sans doute dans une zone où les opérateurs de téléphonie mobile n’ont pas posé de relais pour des raisons de coût. Pourtant, chaque année, les trois opérateurs (Bouygues Telecom, SFR et Orange) vantent l’étendue de leur réseau en publiant de superbes cartes de France généreusement colorées en bleu (la couleur représentant la bonne réception).

Des zones désertées par les opérateurs

Cependant, entre ces représentations et la réalité, il y a parfois un fossé, voire un océan. Et certains opérateurs interprètent cette couverture à leur manière.Bouygues Telecom considère, par exemple, que la couverture du réseau se juge avant tout au pourcentage de la population touchée (sur la base des statistiques de l’Insee issues des recensements nationaux). Ainsi, les 98 % de couverture annoncés par cet opérateur ne comptent, en fait, que la population atteinte et non la superficie couverte.Malgré les interprétations aléatoires, sachez tout de même qu’avec leurs relais, les trois opérateurs couvrent un peu plus de 91,6 % du territoire, ce qui n’est déjà pas si mal. Les 8,4 % restants sont ce qu’on appelle dans le jargon des télécoms des “zones blanches”.Jusqu’à présent, aucun des opérateurs ne se bousculait pour se lancer dans les investissements colossaux et peu rentables nécessaires pour couvrir ces contrées peu habitées et parfois difficiles d’accès (Massif Central, Alpes du sud et autres régions montagneuses comme la Corse, par exemple).

Une obligation légale

Et pourtant, ces terras incognitas, qui comptent 390 000 habitants, se trouvent aujourd’hui au c?”ur du débat.Malgré leurs réticences, les opérateurs vont être obligés de couvrir jusqu’à 99 % du territoire d’ici à la fin 2003. Car le gouvernement, appuyé par les collectivités locales concernées, a pris les choses en main pour que ces “taches blanches” commencent à disparaître.Cela signifie l’installation d’environ 1 200 relais GSM pour au moins 1 500 communes. Afin d’alléger les coûts de mise en place, le gouvernement, épaulé par l’Autorité de régulation des télécommunications (ART), compte répartir les zones entre les trois opérateurs. Chacun devrait initialement créer un réseau unique accueillant les abonnés des deux autres opérateurs au lieu de multiplier le nombre d’antennes par trois comme c’est le cas ailleurs. C’est ce qu’on appelle l’itinérance ou, en anglais, le roaming.

Bouygues Telecom fait bande à part

Le procédé est le même que celui utilisé lorsque vous vous rendez dans un pays étranger. Par exemple, si vous êtes abonné chez SFR et que vous vous situez dans l’une de ces zones couvertes exclusivement par Orange, SFR vous bascule directement sur le réseau d’Orange et vous pouvez recevoir vos appels.Pour l’heure, seuls SFR et Orange ont passé un accord avec le secrétariat d’Etat à l’Industrie. Le premier relais commun a été ouvert le 14 mars dernier en Ardèche. Mais depuis, le projet d’itinérance a été mis en suspens. Comme l’Etat a divisé par huit le coût des licences UMTS, il veut obliger les opérateurs à placer chacun leur antenne sur chaque nouveau relais. Les coûts globaux seront quand même partagés.Bouygues Telecom, pas encore engagé dans l’UMTS, n’a pas signé ces accords. Ses abonnés risquent donc fort de ne pouvoir ni passer ni recevoir d’appel dans les zones non couvertes par l’opérateur

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Sylvain Biget