Certains acteurs semblent mieux placés que d’autres pour accueillir et gérer les places de marché interentreprises. C’est, bien sûr, le cas des opérateurs de télécommunications historiques, qui ont les faveurs des éditeurs du secteur. Commerce One, pour ne citer que lui, s’est ainsi associé avec une demi-douzaine d’opérateurs sur le Vieux Continent. Une seule exception : la France, où son maître d’?”uvre attitré reste le prestataire de services Cap Gemini. Ce qui n’empêche pas, par ailleurs, l’éditeur d’avouer rechercher aussi dans l’Hexagone un opérateur partenaire. L’objectif de Commerce One : constituer un réseau homogène et intégré de ces places de marché nationales.
France Télécom, qui met en ?”uvre iPlanet sur son Réseau Achats (voir ci-dessous), estime, bien sûr, que les opérateurs sont idéalement placés pour animer une place de marché interentreprises. “Le métier de base des opérateurs consiste à interconnecter les réseaux”, rappelle tout simplement Christophe Caseau, responsable des échanges électroniques pour Transpac.
La tâche des opérateurs est d’ailleurs facilitée par le contrôle qu’ils exercent souvent sur le principal fournisseur d’accès de leur marché qui leur donne une bonne maîtrise du réseau IP national. C’est le cas de France Télécom avec Wanadoo.
L’EDI : parfois un frein, parfois un moteur
“Nous allons interconnecter 3Btrade. com avec les places de marché de différents pays européens”, prévoit déjà, de son côté, Jean-Pierre Baudoin, directeur de la division Complex Project Integration pour Belgacom. Il vise la mise en place, avec ses homologues européens, d’accords de peering, autorisant à orienter le trafic de l’un d’entre eux vers un autre. “Si une entreprise cliente ne trouve pas le produit qu’elle cherche sur la place de marché d’un Swisscom, elle sera redirigée sans même s’en rendre compte sur 3Btrade. com.”Des règles de compensation financière entre opérateurs devront être définies pour ces échanges de trafic. A l’image de celles qui existent pour l’acheminement des appels téléphoniques internationaux.
Mais les opérateurs puisent également dans leur riche et longue expérience des EDI (échanges de données informatisés). Transpac a ainsi interconnecté plus de dix mille entreprises, soit un tiers du total des utilisateurs français. “Les places de marché électroniques interentreprises ne constituent qu’une évolution, à travers Internet, de nos services à valeur ajoutée”, constate Christophe Caseau. Toutefois, il reste difficile de prédire l’influence que l’EDI aura précisément sur l’évolution des places de marché. Ainsi, même si seules une centaine de firmes belges utilisent activement les solutions EDI de Belgacom, Jean-Pierre Baudoin estime que cela devrait favoriser une adoption plus rapide du commerce interentreprises sur Internet. Chez son homologue hollandais KPN Telecom, en revanche, la trop forte pénétration de l’EDI aurait bel et bien empêché le lancement de la place de marché.
Enfin, il ne faut pas oublier que l’EDI génère encore un revenu plus qu’important, à l’instar des 6 milliards de francs empochés l’année dernière en France par Transpac. Du côté des places de marché, les opérateurs se rémunèrent sur les échanges de contenu de catalogues électroniques. Pour facturer ses services, France Télécom a ainsi fixé un abonnement mensuel de quelques dizaines de milliers de francs. Il prélève également 2 euros par commande. Une pratique qui n’a cependant pas cours chez tous les opérateurs de télécommunication. Chacun fixe ses propres tarifs. Certains font payer leurs services à la transaction ; d’autres prélèvent un pourcentage sur le volume des échanges. France Télécom n’assure pas cette gestion de catalogue génératrice de revenu sur le Réseau Achats. Elle est donc confiée à une société spécialisée. En revanche, les opérateurs qui animent les places de marché MarketSite de Commerce One traitent eux-mêmes le contenu du catalogue de tous les fournisseurs d’un client. Celui-ci regroupe les articles et les prix négociés par le client. Au préalable, ce contenu est normalisé en fonction de plusieurs standards, dont l’UNSPSC (United Nations Standard Products and Services Codes) en France. Il s’agit de classer selon une nomenclature homogène tous les produits existants afin de supprimer toutes les abréviations et spécificités introduites par les fournisseurs. Les opérateurs de télécoms mettent ensuite le catalogue au format HTML ou XML et l’envoient au client concerné via Internet. Bien entendu, le catalogue reste la propriété du fournisseur.
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