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Les opérateurs du fixe retournent dans leur pré carré

Une cinquantaine d’opérateurs de services fixes se sont discrètement retirés du marché français. Parmi eux, de nombreux poids lourds du secteur pour qui l’internationalisation n’est plus à l’ordre du jour.

Après une phase d’internationalisation à marche forcée, les opérateurs reviennent quasi tous au bercail. Fini les grandes stratégies d’expansion paneuropéenne ! La priorité est au recentrage sur son marché domestique. C’est vrai pour France Télécom, qui cherche à se retirer de la péninsule italienne après avoir renoncé à s’implanter en Espagne et qui n’entend pas rester en Allemagne – où il est toujours embourbé dans l’affaire MobilCom – à n’importe quel prix.Inversement, la liste est longue des opérateurs qui ont finalement jeté l’éponge dans l’Hexagone, au cours de ces derniers mois. Après Belgacom en début d’année, ce fut au tour de Telecom Italia de sortir définitivement de Bouygues Telecom. Dans le même temps, un certain nombre d’acteurs étrangers arrêtaient les frais (Teleglobe, Global Crossing, KPNQwest et Broadnet) ou du moins mettaient leurs activités en sourdine (Level 3 et WorldCom), essentiellement du fait des difficultés de leur maison mère, tandis que d’autres, à l’instar de GTS Omnicom, étaient purement et simplement démantelés. À telle enseigne que l’Autorité de régulation des télécommunications (ART) reconnaissait récemment que, sur les quelque cent trente licences accordées ces dernières années – ce qui représentait à ses yeux un label d’ouverture du marché français à la concurrence -, seulement quatre-vingts opérateurs étaient encore en activité. D’autres comme Swisscom, malgré une présence plutôt modeste, se sont également retirés du marché français, tandis que BT cherche depuis plusieurs mois à se désengager de Cegetel.

9 Télécom, un parcours emblématique

L’un des exemples les plus emblématiques de ce mouvement est sans doute celui de Telecom Italia. Parallèlement au cellulaire avec sa participation dans Bouygues Telecom, l’opérateur italien avait, en effet, de grandes ambitions dans l’Hexagone, où il a dépensé sans compter. Il aura investi au bas mot quelque 500 millions d’euros dans sa filiale 9 Télécom, dont les pertes cumulées en quatre ans dépassent les 700 millions d’euros !Véritable gouffre financier pour sa maison mère, cette dernière s’est résolue à recapitaliser une dernière fois sa filiale afin de la revendre à LDCOM tout en abandonnant une créance de près de 500 millions d’euros.Quant aux (rares) survivants, ils font grise mine. “Tout cela doit nous rendre modestes “, reconnaît François Maire, président de Deutsche Telekom France, qui attribue cette déconfiture “au contexte boursier et à l’incapacité des nouveaux entrants à tenir leurs promesses et leurs engagements.” De fait, la situation de T-Systems Siris, la filiale française de Deutsche Telekom, est symbolique, puisque près de dix ans après sa création et bien qu’ayant investi de l’ordre du milliard d’euros dans son réseau, Siris n’a jamais gagné d’argent.Exceptions à la règle, Colt, Tele2, Telia International et Tiscali ont franchi sans trop d’encombre la première vague de consolidation. Reste à savoir si la purge aura été suffisante ou si une seconde vague s’imposera dans les mois à venir.

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Henri Bessières