Ford, le numéro 2 mondial de l’automobile, vient de boucler une émission de 750 millions de dollars (829 millions d’euros) d’obligations en mettant, tout simplement, son offre aux enchères sur internet. D’habitude, ce genre d’opérations entraîne le déploiement d’une lourde artillerie. Les enchères se déroulent en effet sur une à deux journées, et un bataillon d’une centaine de vendeurs accrochés en permanence à leur téléphone est mobilisé pour tenir en haleine les investisseurs.Mais cette fois-ci, le réseau a singulièrement simplifié le processus : la plateforme Openbook du Californien WR Hambrecht, une PME que Wall Street scrute avec intérêt, a permis de conduire les enchères en deux heures. Et ce, dans la seule matinée du 15 mars.Dès l’après-midi de la même journée, les représentants de la banque HSBC, coresponsable de l’émission, pouvaient annoncer les résultats : 750 millions de dollars d’obligations à échéance de trois ans, toutes placées auprès de 63 acheteurs, au taux d’intérêt de 6,14 %.Pourtant, les clients ne se sont pas précipités. Il y avait, en tout et pour tout, 73 offres pour 933 millions de dollars. Soit une ” surchauffe ” de 24 % par rapport aux obligations proposées. Faut-il y voir la preuve du retournement de la conjoncture outre-Atlantique ? Sans doute.En janvier dernier, lorsque Ford Credit, le bras financier du constructeur, avait mis sur le marché 8,2 milliards de dollars de manière traditionnelle, le groupe avait attiré trois fois plus de monde. Il n’empêche. La direction de Ford est satisfaite de cette émission, qui fait suite à une première aventure sur internet amorcée en janvier 2000.
Le charme retrouvé de l’emprunt obligataire
Le marché obligataire américain, délaissé par les investisseurs et les particuliers en raison de sa complexité et de la baisse des taux d’intérêt réels (hors inflation), est donc en train de connaître un nouveau souffle grâce au net. Déjà Bear Sterns & Co et Daimler Chrysler ont eu recours ?” avec succès ?” à la plateforme Open Book pour émettre des emprunts sur internet.Cette opération s’inscrit dans une démarche plus globale. Objectif : se transformer en e-Ford, et jouer la carte du e-commerce avec l’ensemble des partenaires. La maison assure déjà avec ses concessionnaires une présence sur la toile, y achète une partie de ses équipements et distribue PC et abonnements internet à ses salariés. Dans ce cadre, les obligations virtuelles sont un ” must ” dont l’entreprise aurait eu tort de se priver.Si l’on en croit Robert Goldberg, l’un des patrons de WR Hambrecht, Ford a même tout à y gagner : le coût des transactions est réduit, et, surtout, les prix sont plus ” vrais “. ” Dans l’ancien système, explique-t-il, les prix sont négociés par les banques,
sans que le client sache vraiment ce qui se passe.” Avec l’Openbook, en revanche, chaque partie peut suivre en direct le déroulement des enchères.En prime, assure encore Robert Goldberg, le nombre des investisseurs s’accroît sensiblement. Car les petits acheteurs, disposant d’une mise minimale de 1000 dollars, ont, eux aussi, le droit de jouer !
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