Les objets connectés, ce sont ceux qui en ont le moins besoin qui les utilisent le plus ! C’est ce que dit en substance le rapport sur les objets connectés des députés Corinne Erhel (PS) et Laure de la Raudière (LR), présenté cette semaine à la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale. Après un an d’enquête destinée à explorer le potentiel de croissance des objets connectés pour la France, pas de toute : il y a une fracture numérique concernant leur usage. Ce sont les « catégories socio-professionnelles supérieures, jeunes, urbains » qui s’en emparent principalement.
Pour les personnes âgées prioritairement
Pour lutter contre cette tendance tout en développant leur utilisation, les deux femmes reprennent une idée qui n’est pas toute neuve : le remboursement de certains dispositifs par la Sécurité sociale. Mais attention, cela ne vaudrait que dans des situations bien précises détailles dans la recommandation numéro 13 du rapport :
« Développer une stratégie e-santé de prévention à destination des populations fragiles ou particulièrement exposées à des risques sanitaires. Les objets connectés qui participent de cette politique de prévention pourraient être au moins partiellement pris en charge par la Sécurité sociale. »
La formulation est prudente : il ne s’agirait que de prendre en charge « partiellement » les objets connectés et uniquement à destination « des populations fragiles ou particulièrement exposées à des risques sanitaires ». Dans le viseur principalement, les personnes âgées. Le texte trouve aux objets connectés une autre vertu. « Dans une société où les enjeux de dépendance vont nécessairement s’accroître avec le vieillissement de la population, les objets connectés pourraient avoir une fonction de « désenclavement » de certaines populations fragiles, grâce à la surveillance à distance. » En clair, les objets connectés pourraient pallier les déserts médicaux.
Des dispositifs pas aussi fiables que les instruments médicaux
Apparemment anodine, cette proposition soulève cependant beaucoup de questions. Y aura-t-il des contreparties pour l’utilisateur qui s’équipera d’un objet connecté remboursé ? Sera-t-il obligé de partager ses données médicales avec la Sécurité sociale ? Et pénalisé dans le cas où il ne respecterait pas les indications médicales ? En France, la mutuelle AXA avait offert des podomètres Withings Pulse à 1 millier d’utilisateurs lors d’une expérimentation. Les plus actifs se voyaient offrir 100 euros de chèque de médecine douce, incitant ainsi les gens à partager leurs informations avec la mutuelle.
L’autre grande question, c’est celle de la fiabilité de ces objets, qui est encore loin d’être au niveau des instruments médicaux professionnels. Le site CNET avait ainsi démontré en 2014 que les montres avec capteur de fréquence cardiaque pouvaient afficher des mesures totalement erronées.
Reste maintenant à voir si ce rapport et ses 20 recommandations déboucheront sur une proposition de loi.
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