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Les nouveaux suspects

Vous êtes un consommateur ? Vous êtes bien sûr de n’avoir rien à vous reprocher ? Alors, vous pouvez acheter, mais qu’on ne vous y reprenne plus.

Sur la photo, des menottes, et ce slogan, qui vous promet de ” nouvelles chaînes “ si vous utilisez une carte pirate : bénéficiant d’un climat propice, le câblo-opérateur Noos n’y va pas par quatre chemins, et assure ” attaquer ” régulièrement les cartes pour s’assurer de leur authenticité.Même tonalité dans les grandes maisons de disque, qui ont lancé il y a quelques semaines, essentiellement aux États-Unis, une campagne massive assimilant la copie à du vol, dont les victimes seraient ?” les pauvres… ?” les stars de la musique. Et elles aussi joignent l’action à la parole : ” faux ” fichiers MP3, volonté affirmée de scanner les disques durs des internautes, multiplication des disques formatés antipiratage (jeu ô combien dangereux, qui met en péril l’universalité du CD, c’est-à-dire la base de son succès).S’adressant à nous tous, simples consommateurs, les multinationales du loisir multimédia nous mettent en garde : ne vous avisez pas de nous escroquer, car il vous en cuirait. Pire, puisque nous ne sommes décidément pas dociles (il est vrai que parfois nous gravons ?” quelle honte ! ?” un disque pour un ami), elles prennent les devants : elles veulent nous observer jusque chez nous, vérifier que nous nous servons bien de ce que nous avons payé, et si nous l’avons bien payé, d’ailleurs, le protéger, le soustraire à notre vilenie avérée.Bref, nous qui devrions être des clients chouchoutés, appâtés par les douces sirènes de la consommation, nous voici regardés d’un ?”il suspicieux et tous rassemblés dans le même sac. “Si ce n’est toi le pirate, c’est donc ton frère !”Il est évidemment normal que l’industrie lutte contre le piratage et la contrefaçon, mais adopte-t-elle le bon discours pour le faire ?Plutôt que d’adapter prix et service afin de rendre toute tentative de piratage financièrement inintéressante, ou d’en appeler à la solidarité entre consommateurs (” Les premières victimes, c’est vous “), ou de tolérer, voire d’encadrer, une frange de ” contrefaçon ” pour s’adapter aux pratiques des consommateurs et développer une image sympathique et compréhensive, l’industrie se lance dans un discours culpabilisant de Père Fouettard et essaie de nous faire pleurer sur les malheurs de Britney Spears. On a connu plus pertinent et mobilisateur.Mais est-ce vraiment étonnant ? Pourquoi ces entreprises nous parleraient-elles mieux qu’elles nous traitent ? Encore une fois, et c’est malheureusement un constat récurrent dans cette chronique, nous sommes confrontés à une attitude arrogante de la part d’entreprises dont la taille et la situation de quasi-monopole expliquent suffisamment le peu de cas qu’elles font de chacun d’entre nous.Estimons-nous déjà heureux de pouvoir acheter…* Rédacteur à 01 InformatiqueProchaine chronique jeudi 12 décembre

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Jean-Baptiste Dupin