Le courrier électronique peut devenir un redoutable outil de pression. En voici une illustration : début mars, le thème de ma chronique bihebdomadaire sur notre portail Internet était le Dos. Je souhaitais montrer que ce système pouvait encore rendre quelques menus services. Il faut croire que j’avais touché une corde sensible : celle des systèmes d’exploitation. Cela n’a pas traîné. En quelques heures, le forum de notre site était saturé de messages, anonymes pour la plupart, dont la virulence n’a cessé d’augmenter au cours des heures. Entre autres invectives, j’ai été vivement invité à aller garder des moutons en Lozère et à abandonner d’urgence toute activité en rapport avec l’informatique.A la source probable de ce flot de courrier, plusieurs sites ou communautés consacrés à Linux ont mentionné mon texte en incitant les internautes à le brocarder en masse. Or, le côté cocasse de l’histoire, c’est que je ne mentionnais même pas Linux dans ma chronique. Peut-être est-ce cette lacune que n’ont pas supportée les inconditionnels de ce système. Mais au-delà des injures dont j’ai été la cible, un autre point est préoccupant : c’est que le courrier électronique se révèle un moyen de pression échappant à tout contrôle. Une semblable mésaventure est arrivée il y a quelques mois à un étudiant d’une grande école de commerce. Le courrier peu aimable qu’il avait adressé à sa petite amie a été largement diffusé par cette dernière sur des forums. Résultat : l’auteur indélicat a été littéralement assailli de courriers insultants. La tendance est dangereuse. La lettre anonyme, avec Internet, a trouvé un second souffle, celui de la diffusion en masse.
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