Côté pile, le SMSI restera sans doute, avec plus de 18 000 participants et 170 pays représentés, comme le plus grand sommet international jamais organisé sous l’égide des Nations Unies. Mais côté face le choix contesté, comme
terre d’accueil de la Tunisie (accusée par les associations de défense des droits de l’Homme de porter atteinte à la liberté d’expression), et surtout l’absence des chefs d’Etat les plus riches de la planète, ont considérablement affaibli la portée
des décisions prises à l’occasion du SMSI (Sommet mondial sur la société de l’information), qui s’est achevé vendredi 18 novembre.A la lecture des deux documents (l’Agenda de Tunis et l’Engagement de Tunis) qui devaient servir de base à la déclaration finale du Sommet, une chose est sûre : les déclarations d’intention sont légion, mais les décisions concrètes
sont plutôt rares. Ainsi, si les participants reconnaissent d’entrée qu’en matière de réduction de la fracture numérique et de gouvernance de l’Internet le ‘ moment est venu de passer des principes à
l’action ‘, la volonté politique n’est pas au rendez-vous.S’agissant par exemple de la gouvernance de l’Internet ?” un débat qui a opposé des mois durant les Etats-Unis au reste de la communauté internationale ?”, si progrès il y a, ils ne sont pas significatifs. D’un côté,
les participants au SMSI réaffirment que ‘ la gestion internationale de l’Internet (devenue une ‘ ressource publique mondiale ‘) devrait s’opérer de façon multilatérale, transparente et démocratique
avec la pleine participation des Etats, du secteur privé, de la société civile et des organisations internationales ‘. De l’autre, les Etats-Unis, qui ont campé sur leur position,
conservent plus que jamais (via l’ICANN) la mainmise technique sur le réseau mondial. Seul point positif sur ce dossier, la
création du GTGI, un groupe de travail sur la gouvernance de l’Internet qui devrait se réunir dès l’an prochain.
Une journée mondiale de la société de l’information
Concernant l’autre grand volet auquel était consacré le SMSI, c’est-à-dire la lutte contre la fracture numérique, les résultats sont tout aussi décevants. En n’y dépêchant pas leurs plus hauts responsables, les pays riches ont montré
tout le désintérêt qu’ils portaient à cette manifestation. Ils ont refusé de s’engager sur le principe d’une contribution financière obligatoire pour réduire l’écart technologique entre le Nord et le Sud de la planète.Les participants au SMSI n’ont donc pu que dénoncer ‘ la complexité des mécanismes existants, privés ou publics, qui assurent le financement des TIC (technologies de l’information et de la communication) dans les
pays en développement ‘.Ils se sont également félicités de la création du
Fonds pour la solidarité numérique (FSN),
‘ un mécanisme financier innovant et volontaire ‘
ouvert à tous. Mais qui reste facultatif. Du reste, trois ans après le lancement de cette idée, le FSN, qui a présenté cette semaine à Tunis ses premières réalisations concrètes n’est parvenu à rassembler que 8 millions d’euros. Une goutte
d’eau dans l’océan des difficultés qui demeurent aujourd’hui.Au final, le FSN comme l’initiative ambitieuse imaginée par le chercheur américain Nicholas Negroponte de créer
un portable à 100 dollars pour les enfants des pays les plus défavorisés, resteront peut-être comme les
projets les plus emblématiques de ces deux sessions des Nations Unies sur la société de l’information. Mais elles ont précisément en commun d’être des initiatives extérieures au sommet officiel et à ses multiples réunions de préparation.A titre de lot de consolation, les participants du SMSI vont demander à l’Assemblée générale des Nations Unies de faire du 17 mai la ‘ Journée mondiale de la société de
l’information ‘. Une occasion à l’avenir de susciter de nouvelles vocations et de nouveaux projets privés et publics, pour lutter contre la fracture numérique, mais aussi de se remémorer le rendez-vous manqué dans le cadre du
SMSI, des Nations Unies avec la société de linformation.
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