Tout le monde est d’accord là-dessus : l’optique constitue l’enjeu technologique majeur des télécoms de demain. Nombre de fonctions qui existent aujourd’hui dans les logiciels des couches supérieures des réseaux seront intégrées dans les composants optiques. C’est notamment le cas de la commutation.
Au lieu de transformer des signaux optiques en signaux électriques pour les commuter, puis les retransformer en signaux optiques pour les transmettre, tous les labos du monde planchent sur des commutateurs optiques qui aiguilleront directement les faisceaux lumineux. Gains en performances et en coûts sont à la clé de cette évolution.L’optique intéresse évidemment tous les grands (Lucent, Nortel, Alcatel…) et suscite également des vocations parmi les start-up. Les forces de ces dernières : développer une technologie que les autres n’ont pas et faire ainsi sa place au soleil (ou se faire acheter très cher).Par exemple, la jeune pousse française Algety, créée l’an passé par des chercheurs du Centre de recherche et développement de France Télécom (ex-Cnet), avait acquis la maîtrise de l’effet soliton, qui permet de transmettre des trains optiques sur plus de 1000 km sans avoir à les régénérer. Elle a été absorbée cette année par une autre jeune pousse, américaine celle-là, nommée Corvis, fondée par le Dr David Huber, qui revendique quatre-vingts brevets dans le domaine de l’optique. Corvis débarque en Europe avec une solution tout optique parfaitement opérationnelle, destinée aux opérateurs. Intéressant, lorsque les Lucent, les Nortel, les Agilent et les Alcatel en sont encore au stade du laboratoire, voire, au mieux, des premiers tests grandeur nature.Quelle est donc cette technologie miracle ? Les micromiroirs, comme Lucent ? Les bulles, comme Agilent ? Pas du tout, elle est révolutionnaire, confirme-t-on chez Corvis, mais c’est un secret. ” Vous comprenez, explique le constructeur, le plus sérieusement du monde, la dernière fois que nous avons donné une précision, tous nos concurrents se sont rués sur cette piste et, depuis, nous avons perdu notre avantage concurrentiel. Nous ne voulons pas que cela se reproduise avec notre technologie de commutation optique. “ On n’en saura pas plus.Difficile dans ces conditions de valider le caractère innovant d’une technologie. Alors, s’il suffit d’un mot lâché devant un journaliste pour ruiner une stratégie, nul doute que les gens de Corvis doivent chaque soir regarder sous leur lit avant de se coucher, pour vérifier si un concurrent n’a pas glissé là un espion : si jamais ils parlaient en dormant et révélaient des secrets. On est jamais trop prudent : les murs ont des oreilles.Prochaine chronique le vendredi 1er décembre
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