- Une nouvelle ère pour les sociétés de services
- Les multiples retombées géopolitiques des révolutions arabes
- Un volontarisme affiché en matière d’offshore
- La volonté d’entreprendre toujours d’actualité
- Un gisement de compétences mal exploité
Le 2 février 2011, AT Kearney sort le très attendu palmarès des destinations offshore. Surprise, en dépit des manifestations qui secouent alors le Caire depuis des semaines, l’Egypte est désormais à la quatrième place de ce top 50, derrière l’Inde, la Chine et la Malaisie. La nation du Raïs gagne même deux places depuis l’édition 2009. Neuf jours plus tard, Hosni Moubarak se retrouve acculé à la démission. Même si le cabinet d’études a prudemment signalé que son classement avait été établi avant le soulèvement populaire, cette anecdote montre combien le risque géopolitique est grandement sous-estimé dans les critères qui président au choix d’une destination offshore. Lames de fond, les Révolutions de jasmin et de papyrus ont radicalement changé la physionomie de la région. Et pas seulement pour les pays concernés en premier lieu.
Une situation en voie de stabilisation
Au Maroc, le Printemps arabe a accéléré les réformes économiques et sociales initiées par le roi Mohammed VI. Le régime algérien, lui, a souffert de la crainte d’être le prochain renversé, renforçant la perception d’instabilité auprès de certains observateurs extérieurs. Quinze mois après, les peurs ne se sont pas complètement dissipées. L’émergence des fondamentalistes dans l’Egypte post-Moubarak et l’arrivée au pouvoir du parti Ennahda en Tunisie font craindre une radicalisation. Fondateur d’Offshore Boosting, Jean-François Renault tient à modérer le sentiment que l’on peut avoir de ce côté-ci de la Méditerranée. “ Ennahda ne peut être qualifié de mouvement fondamentaliste. N’ayant pas la majorité absolue, le parti doit composer dans un gouvernement de coalition tout en assumant la responsabilité d’être arrivé en tête du scrutin. ”Par ailleurs, la société civile se montre très vigilante car elle ne veut pas se faire voler sa transition démocratique. En revanche, internet, qui a été une arme puissante lors de la révolution, serait de nouveau menacé : Reporters sans frontières dénonce le retour potentiel du filtrage de certains sites, craignant qu’il ne soit le prélude à une censure élargie. Ces événements ont aussi rebattu les cartes de la diplomatie, rappelant l’importance de cette région stratégique dans les équilibres du monde. Considéré jusqu’alors comme le pré carré de la France, le Maghreb tourne désormais son regard vers d’autres horizons. Quelque 500 investisseurs français, mais aussi américains, italiens et allemands, se sont ainsi rendus en juin dernier au Tunisian Investment Forum, la première manifestation internationale post-révolution. Quelques mois plus tard, l’Allemagne effaçait sa dette en Tunisie pour la convertir en investissement dans des projets de développement, donnant corps au slogan : “ Investir en Tunisie, c’est investir dans la démocratie. ”
La diaspora américaine de retour au pays
Les Etats-Unis s’intéressent aussi de près à cette rive de la Méditerranée, en poussant, notamment, la diaspora de la Silicon Valley à établir des passerelles entre les deux rives de l’Atlantique. “ Une délégation de 28 Américano-Algériens est récemment revenue au pays pour voir comment aider au développement de start up locales ”, se souvient Nassim Kerdoudj, PDG de Net-Skills. Car, à la différence de la France, les Etats-Unis ont anticipé le Printemps arabe plus qu’ils ne l’ont subi. Et si l’Hexagone garde ses atouts pour des raisons historiques, géographiques, culturelles et linguistiques, la donne pourrait changer.A cet égard, la circulaire dite Guéant qui, même assouplie, restreint le nombre de travailleurs et d’étudiants étrangers sur le sol français, a été perçue diversement de ce côté-ci de la Méditerranée. Farid Lefkir, dirigeant de la SSII algéroise M2I Services, s’étonne que l’on mette des frontières dans un univers, les technologies de l’information, où il ne devrait pas en exister. “ C’est en posant des interdits que l’on suscite des déplacements illégaux. Nos jeunes ont besoin de parfaire leurs compétences. ” Mais pour Abdel El Assad, responsable de la SSII Eliadis, la circulaire Guéant a, au contraire, fait beaucoup de bien aux sociétés marocaines, qui souffraient d’une pénurie de compétences.
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