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Les mouvements anti-guerre américains prolifèrent sur Internet

Les opposants à la guerre en Irak utilisent plus que jamais Internet pour structurer leurs actions. Mais comme tout média, le Réseau est aussi sujet à manipulation.

Les manifestations anti-mondialisation l’avait montré, le développement des mouvements anti-guerre le confirme : Internet joue un rôle central et amplificateur dans la mobilisation des opinions publiques. Au moment où le bruit de
bottes est devenu très tendance à Washington, les opposants à la guerre en Irak, ont fait du Réseau l’un de leurs principaux relais de communication et de diffusion de l’information.Aux Etats-Unis, et en Grande-Bretagne, les grands médias à commencer par les journaux (The New York Post, The Sun, The Times) et les chaînes de télévision (Fox News) détenus
par le magnat australien Rupert Murdoch, réservent
un accueil difficile pour qui ne soutient pas la politique de la Maison Blanche.Pour se faire entendre, les mouvements anti-guerre en sont souvent réduits à acheter des encarts publicitaires dans la presse quotidienne ou des spots TV. Or quoi de plus efficace qu’Internet pour soutenir l’effort anti-guerre ? A
San Francisco, le site Internet
MoveOn.org a ainsi réuni près de 400 000 dollars qui ont servi, pour partie, à la diffusion d’un film publicitaire dans la région de Washington, le jour du Superbowl (l’un des événements les
plus médiatisés de l’année aux Etats-Unis). De même, depuis son engagement contre une guerre en Irak, MoveOn a vu le nombre des abonnés à sa mailing-list passé de 350 000 à 700 000.

Une initiative reprise dans le monde entier

‘ A vrai dire, Internet n’est qu’un moyen technique parmi d’autres. L’état du Réseau n’est que le reflet des opinions publiques, explique Jean-Pierre Barrois. Cet universitaire, maître de
conférence à Paris-XII Créteil, a créée à l’automne dernier le pendant francophone du collectif américain
Not In Our Name. ‘ J’ai découvert l’appel lancé par ces artistes et ces intellectuels américains en surfant sur Internet en septembre 2002. J’ai décidé de le traduire et de
le transmettre à quelques amis
, poursuit Jean-Pierre Barrois. Petit à petit les signatures ont afflué. ‘Après des débuts chaotiques (problèmes de référencement, impossibilité de signer la pétition en ligne), le site
pas-en-notre-nom.org est pleinement opérationnel depuis quelques semaines. Résultat, plus de 6 000 signatures déjà collectées en ligne. Le courrier électronique est aussi largement
utilisé à l’image de ces enseignants qui, après avoir réuni une cinquantaine de signatures dans leur lycée de Chambéry, ont scanné le document avant de le faire parvenir au collectif.L’aventure de pas-en-notre-nom.org n’est pas isolée. Au départ informelle, l’initiative américaine de Not In Our Name a pu être relayée grâce à Internet un peu partout dans le monde (Mexique, Tchéquie, Grande-Bretagne…).
Graphismes, morceaux de musique écrits pour l’occasion, tracts à télécharger en format PDF, les sites Internet proposent toute la panoplie du parfait opposant à la guerre.

Pétitions stériles et canulars électroniques

En France, ces techniques avait été déjà largement éprouvées lors des manifestations de l’entre-deux tours de l’élection présidentielle. A chaque fois Internet a un effet accélérateur.Malgré tout, il est permis de s’interroger sur la portée des actions menées sur le web. Pour l’internaute qui visite un site, la signature d’une pétition en ligne ne tient qu’à un clic et ne se traduit pas toujours par un véritable
engagement au quotidien.Par ailleurs, comme tout média qui se respecte, le Réseau n’est pas exempt de manipulations. Après celui des
‘ femmes afghanes ‘, on a ainsi vu circuler dernièrement un hoax (canular électronique) invitant les internautes à signer
une (fausse) pétition de l’Onu contre la guerre en Irak.Quoiquil en soit, il semble que la mobilisation ne fléchisse pas. Après avoir rassemblé plusieurs centaines de milliers de personnes sur le territoire américain le 18 janvier dernier, les opposants à la guerre se sont fixés un
nouveau rendez-vous, le 15 février, dans 200 villes américaines et 56 pays de part le monde.

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Philippe Crouzillacq