Ça y est, c’est la plongée dans le grand bain ! Vous allez sortir de votre école d’ingénieurs la tête pleine de projets et le CV encore vierge de tout assaut. Mais avez-vous pensé à réajuster votre vocabulaire ? Dans le milieu de l’informatique, il est des mots qui résonnent mal dans l’open space.
Première chose : vous n’êtes plus un salarié, vous êtes un collaborateur. C’est tout de suite plus sympa, non ? Et vous ne faites plus partie du personnel, mais des ressources (humaines ou non, d’ailleurs). Une fois face au client, attention encore, vous devenez une compétence. C’est plus rassurant. Pardon ? J’ai dit ” client” ? Excusez-moi, ici, il n’y a plus que des partenaires, avec lesquels vous nouez des relations durables. Et vous ne lui avez pas vendu un logiciel, non, vous lui avez fourni une solution.
Solution que le partenaire aime bien volontiers ma”triser (traduisez : il voudrait se passer de vous, à terme). Dans ce cas, sachez éviter le piège : ne lui fournissez pas une formation. Prévoyez plutôt un accompagnement (version paternaliste) ou un transfert de compétences (version futuriste).
Pour le cas où vous devriez revoir ses équipements informatiques un peu vétustes, ne le vexez pas. Proposez-lui d’optimiser son système d’information. En lui assurant que vous serez toujours là pour la maintenance. En informatique, on ne répare pas, en effet, on maintient. Un peu comme un produit chimique instable, qui explose au moindre faux mouvement.
Mais le plus dangereux n’est pas là. Le plus dangereux, dans la vie de l’informaticien, c’est d’aller travailler. Ici, on dit : partir en mission. La mission, c’est la grande classe. La mission évoque Sylvester Stallone ou Chuck Norris, partis en découdre dans la jungle vietnamienne. La mission, c’est l’épreuve du feu. Que vous soyez armé d’un M16 ou d’un PGI, c’est du pareil au même : il faut mouiller la chemise. Ne dit-on pas de vous, d’ailleurs, que vous ” intervenez ” chez un partenaire ? Exactement. Et, du coup, vous avez mérité le titre, le seul qui compte, d’ingénieur terrain. Les autres ne sont que ronds-de-cuir et fonctionnaires restés à l’arrière.
J’exagère, me direz-vous. D’autant que, à 01 Informatique aussi, on parle comme ça. Oui, mais pas autant que ce responsable des ressources humaines d’une société de développement de sites Internet, à qui je demandais de confirmer sa fonction. “Je préférerais, demanda-t-il, que vous écriviez Resource Manager.” Un peu comme Jean-Claude Vandamme dans ses interviews en français
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