Malgré le ralentissement brutal du marché des réseaux optiques, l’économie des microsystèmes électromécaniques (Mems), prise dans sa globalité, a connu une remarquable et régulière ascension au cours de ces dernières années. Une santé d’autant plus insolente que le marché des semi-conducteurs est très cyclique. Selon le cabinet de conseil Yole Developpement et l’association professionnelle européenne Nexus, ces composants ultra-miniaturisés (15 à 100 microns) ont représenté sur le Vieux Continent un marché d’environ 1 milliard d’euros en 2000. Yole Developpement prévoit en outre une croissance annuelle mondiale de 25 % sur les prochaines années.En Europe, déjà près de 70 usines sont spécialisées dans la fabrication de Mems, dont la plupart se concentrent en Allemagne, en Scandinavie, en France et en Suisse. Et, depuis 2001, les investissements dans les Mems se multiplient, y compris dans l’Hexagone qui a connu l’introduction en Bourse de Memscap (plus de 100 millions d’euros) et les levées de PHS Mems (31 millions d’euros), Tronic’s Microsystems (plus de 10 millions d’euros), Opsitech (plus de 6 millions d’euros)…Actuellement, les microsystèmes trouvent principalement leurs débouchés dans les têtes de lecture-écriture de disques durs, les têtes d’impression jet d’encre (Olivetti/ Baltea en Europe, STM pour la recherche et développement), les pacemakers, les systèmes de diagnostic in vitro ou les prothèses auditives. Par ailleurs, les marchés des capteurs de pression, des gyroscopes, des Mems optiques ou des micromoteurs, comme celui des microsystèmes électromécaniques optiques (Agilent, Alcatel Netherlands, PHS Mems, Opsitech, Memscap ou encore Tronic’s Microsystems) conservent un fort potentiel. L’industrie automobile représente aussi un marché dynamique pour les capteurs (Temic, Bosch, Sensonor, VTI Hamlin).
Des milliers d’emplois
En plus des fonderies de composants, le marché des Mems rassemble des acteurs aussi divers que les laboratoires de R&D (Acreo, Fraunhofer, IMEC, Leti, Sintef…), les fournisseurs de services (IBS, Vegatech, Vaco Microtechnologies…), le design de composants (Coventor, Intellisense…), et les fournisseurs de matériaux (Analog Devices Belfast, Okmetic, Picogiga, Sinor, Soitec…) ou les intégrateurs de Mems. Les seules fonderies européennes emploieraient plus de 5 000 personnes, auxquelles il faudrait ajouter les 2 500 personnes travaillant dans les laboratoires de R&D, estime Yole Developpement. “Le marché des fonderies se segmente lui-même entre celles capables de fabriquer de grands volumes de produits standards (Bosch, ST Microelectronics, Sensonor), les fabricants avec fonderies intégrées (Thalès Avionics) et les fonderies ouvertes aux clients extérieurs (Colybris, Tronic’s Microsystems, PHS Mems)”, précise Éric Mounier, responsable de la veille technologique au sein du cabinet de conseil européen.La mode éphémère des télécoms optiques ?” qui comprend la fabrication de Mems ?” a entraîné une forte concentration. Un mouvement entamé aux États-Unis en 2000, avec l’acquisition d’Intellisense par Corning, ou de Cronos par JDS Uniphase. Cette concentration s’est ensuite poursuivie en Europe, avec notamment le rachat de Kymata par Alcatel Optronics.Autre tendance : le silicium, qui demeure le matériau le plus commun dans la fabrication des Mems, est de plus en plus souvent remplacé par le quartz, le verre, la céramique et, surtout, par des polymères. On voit également se développer l’utilisation de substrats de SOI (silicium sur isolant) et d’INP (composant fibres optiques, applications haute fréquence sans fil, et intégration plus facile), dans une moindre mesure du fait de son prix élevé.
Un large spectre d’activité
Le secteur automobile (capteurs de pression, gyroscopes, inclinomètres, accéléromètres de coussins de sécurité, capteurs de flux…) ou celui des Mems radiofréquence (microcommutateurs, antennes, inductances à haut facteur de qualité, filtres…), mais aussi les applications biomédicales (puces ADN, biocapteur, composants microfluidiques…) comme les télécommunications pour les futurs réseaux tout optiques (commutateurs de petites tailles…) présentent également un fort potentiel, bien que peu d’analystes se risquent à évaluer le temps que nécessitera leur généralisation.
4 start-up qui comptent dans les Mems
Colibrys (CH)Date de création : janvier 2001
Fondateur : S. Neylon
Nombre de salariés : 135
Fonds levés : 113,7 M?
Fonds recherchés : NC (en discussion)
CA prévisionnel 2002 : >16,5 M?
Partenaires : recherche (EPFL, ETHZ, CSEM, IMT…),design (Kymata, Covento, CEA-Leti, NMRC, Imego…) etdistributeurs (Honeywell, Kistler, Sensorex…)Spin-off du Centre suisse d’électronique et de microtechnique (CSEM), Colibrys développe, produit, assemble et teste des Mems pour diverses applications : industrielles (instrumentation, impression, équipement…) et de navigation-transport pour l’essentiel, mais aussi optiques, pour les marchés des télécommunications, et biomédicales… La start-up de Neuchâtel, certifiée ISO 9 001, se concentre sur des marchés à forte valeur ajoutée, mais pour de moyennes productions (capacité de plus de 50 000 plaquettes/an). Parmi ses clients, Colibrys compte notamment Zeiss, Nortel, Agilent, Honeywell et Leica.Opsitech (FR)Date de création : juillet 2000
Fondateurs : P. Mottier, M. Bruel, J. Alanis
Nombre de salariés : 37
Fonds levés : 13,1 M?
Fonds recherchés : NC (courant second semestre 2002)
CA prévisionnel 2002 : NC
Partenaires : CEA, Seika (distribution Asie)Spin-off du CEA-Leti, Opsitech conçoit et fabrique des composants optiques passifs (diviseurs et coupleurs, multiplexeurs et entrelaceurs, commutateurs et atténuateurs variables), principalement à destination des équipementiers télécoms. La société grenobloise peut en produire plusieurs simultanément sur une tranche de silicium. Depuis décembre 2001, Opsitech a une filiale commerciale aux États-Unis et se focalise sur ses entrelaceurs. Ces composants permettront une mise à niveau économique des réseaux longue distance : grâce à leur faible dispersion chromatique, les entrelaceurs suppriment le besoin de compensateurs de dispersion chromatique et permettent une meilleure fiabilité.PHS Mems (FR)Date de création : août 1998
Fondateurs : NC
Nombre de salariés : 80
Fonds levés : 45 M?
Fonds recherchés : NC
CA prévisionnel 2002 : 200 M?
Partenaires : NCSpécialisée dans la conception, le développement, le test et la production de Mems pour les marchés radiofréquences ou optiques (matrices de miroirs et actionneurs électrostatiques), PHS Mems revendique l’une des plus grosses capacités de production en Europe (20 millions de switchs et 150 millions de filtres par mois). La start-up grenobloise fournit à ses clients des microsystèmes à intégrer sous différentes formes de conditionnement (tranches, puces individuelles…). Après une des plus importantes levées de fonds en 2001 (31 millions d’euros), PHS Mems a ouvert une filiale en Californie pour trouver des débouchés chez les fabricants de semi-conducteurs et les équipementiers télécoms.Tronic’s Micro. (FR)Date de création : mai 1997
Fondateurs : S. Renard
Nombre de salariés : 30
Fonds levés : 11,3 M?
Fonds recherchés : pas pour l’instant
CA prévisionnel 2002 : NC
Partenaires : AML, Acreo, CEA-Leti, CNM, CNRS-Laas, ISIT, NMRC, SintefAutre spin-off du CEA-Leti, Tronic’s Microsystems bénéficie de 15 ans d’expérience dans les Mems sur substrat SOI (silicium sur isolant). Cette autre start-up grenobloise se définit comme un fondeur à forte valeur ajoutée (certifiée ISO 9 001 version 2000), pour les développements et productions de petits ou moyens volumes. Elle fabrique aussi bien des capteurs que des composants pour réseaux optiques, des composants microfluidiques ou des micropompes. La société vise surtout le médical, les télécoms et linstrumentation industrielle. À terme, elle proposera des capteurs avec électronique associée, dans le cadre de partenariats industriels.
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