C’est un paradoxe, mais alors qu’on vante Internet pour la liberté et la facilité de communication qu’il procure, le petit monde des messageries instantanées tarde à sortir de son fonctionnement en circuit fermé. C’est-à-dire entre
utilisateurs d’un même logiciel. Yahoo! et Microsoft ont décidé de franchir le pas et de rendre leurs applications de dialogue compatibles et interopérables entre elles.Après la signature d’un
accord en octobre 2005, les deux sociétés ont lancé le 13 juillet un bêta-test auprès des utilisateurs de Yahoo! Messenger et Windows Live Messenger,
la dernière version de MSN Messenger lancée en juin. Pour tester cette évolution, il faut télécharger soit le logiciel de Microsoft, soit la dernière version (la
8e, en bêta-test), de Yahoo! Messenger. En cours d’installation, une alerte préviendra l’utilisateur que l’interopérabilité est possible s’il le souhaite. Si c’est le cas, il lui suffit de cliquer sur un lien proposé à cet
effet.Dès lors, ce sont les fonctions de base des deux applications qui s’avèrent compatibles. L’envoi et la réception de messages écrits, évidemment, mais aussi d’émoticônes (ou ‘ smileys ‘),
l’accès et la gestion des contacts issus des deux messageries, la visibilité du statut du correspondant (‘ absent ‘, ‘ au téléphone ‘, ‘ occupé ‘, ‘ hors
ligne ‘, etc.) et la possibilité d’envoyer des messages hors connexion. ‘ Il n’est pas pensable aujourd’hui qu’un utilisateur d’Orange ne puisse pas passer un coup de fil à quelqu’un chez SFR. Là, c’est la même
logique ‘, résume Alban Peltier chez MSN. A noter justement que les fonctions de voix sur IP des deux messageries ne seront pas compatibles pour le moment.
350 millions d’internautes concernés dans 15 pays
Le test est ouvert à tous, mais au-delà d’un certain nombre de volontaires, une file d’attente est mise en place. Il concerne actuellement quinze pays, dont la France où Windows Live Messenger compte 3 millions d’utilisateurs et
Yahoo! Messenger 660 000, selon les deux entreprises. Sur les quinze pays en question, c’est un potentiel cumulé de 350 millions d’internautes qui pourront bénéficier, à terme, de l’interopérabilité.Malgré son ampleur, et l’attente qu’elle suscitait, l’opération n’est pas la première expérience en la matière. En juin 2003, et sur un périmètre plus restreint, AOL avait enclenché la compatibilité de ses deux messageries,
ICQ et AIM. Mais il était alors plutôt question de cohérence interne. En mai dernier, en revanche, Wengo annonçait la
compatibilité de son WengoPhone avec la plupart des logiciels de messagerie concurrents. Pour contourner les lacunes en matière d’interopérabilité, on trouve aussi des interfaces
logicielles permettant de centraliser ses contacts de diverses messageries, telles
GAIM, Meebo ou Trillian. Preuve que le besoin de dialogue se fait pressant.
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