Le secteur du logiciel amorce une nouvelle phase de consolidation. Alors que PeopleSoft vient de prendre le contrôle de JD Edwards, et que ce même PeopleSoft est victime d’une OPA hostile de la part d’Oracle, c’est au tour de
Business Objects d’afficher des volontés d’expansion.L’éditeur français a en effet annoncé, il y a quelques jours, son intention d’acquérir l’américain Crystal Decisions, l’un de ses concurrents directs sur le marché de la business intelligence. L’opération, qui se
fera pour 300 millions de dollars en cash, est valorisée à près de 820 millions de dollars.La fusion n’est pas une surprise puisque, depuis plusieurs semaines déjà, les dirigeants de Business Objects avaient annoncé leur intention de mener une opération de croissance externe, en particulier dans le secteur de
l’analytique.Le choix a été tout autre : Crystal Decisions opère sur le marché du reporting (gestion de rapports), sur lequel il vient de réaliser un chiffre d’affaires de 278,5 millions d’euros pour l’année fiscale 2002. Soit une
progression de plus de 32 % par rapport à l’année précédente. Le nouvel ensemble ainsi formé devrait réaliser plus de 700 millions de dollars de chiffre d’affaires, soit 30 % de plus que celui de Cognos, le concurrent direct de
Business Objects.
‘ Il faut des années pour digérer une telle proie ‘
Entre outre, les synergies entre les deux entreprises devraient permettre de dégager près de 25 millions de dollars d’économies dès 2004, essentiellement en unifiant le back office. Bernard Liautaud,
cofondateur de Business Objects, a ainsi déclaré au Figaro Economie :
‘ A priori, il n’y aura pas de suppressions d’emplois, car nous sommes en pleine croissance. ‘ La nouvelle
entité comptabilisera alors près de 3 800 salariés, dont 1 700 provenant de Crystal Decisions.Les marchés ont salué l’annonce de ce rapprochement, tant au Nasdaq qu’à Paris. Euronext a vu s’échanger près de 6 000 000 d’actions, en un jour, à la réouverture de la Bourse, lundi. Quant au cours de Business Objects, il
flambait à plus de 20,6 euros, réalisant ainsi une progression de plus de 46 % depuis le début de l’année.Si les agences de notation comme CIC Securities ont relevé la note de Business Objects, certains analystes jugent l’opération risquée. ‘ Dans une opération de cette envergure, plusieurs années sont nécessaires à
l’intégration de la proie. Enfin, additionner les performances des deux entreprises est un mauvais calcul. C’est particulièrement vrai pour Business Objects et Crystal Decisions, dont certaines activités se recoupent ‘,
explique cet analyste.Enfin, en ces temps de consolidation, le rachat de Crystal Decisions peut être perçu comme un mouvement défensif. Il stoppe net la volonté d’introduction en Bourse de l’américain. Crystal Decisions avait en effet entamé les démarches
auprès de la SEC (Securities and Exchange Commission) pour être prochainement cotée. Avec ses douze trimestres de croissance consécutifs, nul doute que Crystal Decisions aurait séduit les investisseurs. Et levé assez dargent pour devenir un
concurrent gênant.
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.