C’est apparemment acquis, il n’y aura pas de vote au Parlement de la loi “ création et Internet ” qui instaure la riposte graduée et prévoit la suspension de l’abonnement à Internet comme sanction, avant Noël cette année. Le projet de loi présenté par la ministre de la Culture Christine Albanel le 18 juin était censé être discuté cet automne. Sauf que, selon le Syndicat national de l’édition phonographique (Snep) qui a tenu une conférence de presse ce 10 septembre, le calendrier parlementaire est chargé, ce qui n’est qu’une demi surprise.La ministre de la Culture a déjà pas mal à faire avec la réforme de l’audiovisuel, et des élections sénatoriales se tiennent le 21 septembre. Alors que la discussion sur le projet de loi devait justement commencer au Sénat…
“ Il y a un encombrement parlementaire réel et des incertitudes techniques, mais pas politiques ”, insiste le directeur général du Snep, Hervé Rony.Autrement dit : la lutte contre le piratage est toujours voulue par le gouvernement et le président de la République. Mais pour éviter la situation ubuesque dans laquelle s’était mise la majorité UMP lors du débat sur la loi “ droit d’auteurs et droits voisins ” en 2005, le gouvernement prendra un peu plus de temps pour expliquer les enjeux du texte aux élus.
Le marché baisse mais la consommation de musique explose
Il reste que, à cause de ce retard, le Snep déplore l’absence de mesures contre le piratage. Mais le syndicat, qui présentait aussi les chiffres semestriels des ventes de disques et de musique en téléchargement, se fait moins alarmiste que par le passé. Même si les ventes de CD chutent toujours (18,6 % de moins qu’au deuxième semestre 2007), et malgré des téléchargements légaux en progression, toujours loin de compenser le manque à gagner.Hors téléphonie mobile, le marché numérique de détail a grimpé de 42 %, mais ne représente encore que 19 millions d’euros au premier semestre de cette année. Selon Hervé Rony, “ la tendance est assez stable dans la chute du marché, et la progression des ventes numériques aussi ”.Après, avec la multiplicité des services et des modèles économiques (abonnements, formules illimitées, streaming, achats au titre, financement par la publicité, etc.), il est bien difficile pour le Snep de savoir d’où vont venir les principaux revenus du numérique. “ Il y a une diversification progressive, difficile à gérer, mais c’est une chance, estime Hervé Rony. Et rien ne dit, d’ailleurs, qu’il y aura à terme une source déterminante de revenus ”.Les choses étaient claires et les prévisions possibles quand la consommation de musique se résumait à l’achat de disques. Elles sont beaucoup plus incertaines avec la variété actuelle des modes de consommation. Une écoute gratuite financée par la publicité ne génère pas autant de revenus que l’achat d’un titre sur VirginMega.Mais le Snep a un espoir : “ La consommation de musique explose, de manière légale ou illégale, constate son président Christophe Lameignère, par ailleurs PDG de Sony BMG en France. L’accès à la musique est excellent. Quand c’est illégal, bien sûr, cela fait mal, mais le problème pourrait être que les gens n’écoutent plus de musique. Ce qui n’est pas le cas. ” L’enjeu est donc celui-là : comment attirer en masse ce public vers des offres légales et payantes. Cela risque de prendre un peu de temps, mais le Snep semble en avoir pris son parti.
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