C’est la Justice française
qui l’affirme. Un éditeur n’a pas le droit de protéger un film, en l’occurrence Mulholland Drive, de David Lynch, au point d’en empêcher toute copie par un
particulier désireux de réaliser un double pour son usage personnel. Mais comment le dupliquer ? Pas avec un logiciel de copie de DVD vidéo, dont l’illégalité devrait bientôt être inscrite dans la loi.Tout part de l’EUCD, ou European Union Copyright Directive. Peu à peu, tous les pays de l’Union appliquent à leur droit cette directive continentale sur les droits d’auteur. La France (un des sept pays qui ne l’avaient pas encore
intégrée en début d’année)
commence seulement à en débattre à l’Assemblée nationale.Or, tel qu’adopté par la commission des lois, donc avant le vote des députés, le texte précise explicitement dans le cas des DVD que ‘ le nombre de copies privées […] ne peut être
inférieur à un ‘, mais précise tout aussi explicitement que le contournement des technologies anticopie des éditeurs est illicite. Les éditeurs de ces logiciels hésitent donc sur la conduite à suivre.
Des éditeurs qui partent pour l’étranger
Le Digital Video Duplicator d’Avanquest (ex-BVRP) permet ainsi de copier tout DVD, y compris protégé. Plus forcément pour très longtemps. ‘ Aujourd’hui, la loi autorise la copie privée, mais elle pourrait changer
dans un futur relativement proche et dans ce cas nous nous adapterons, explique Christian Mollard, chef produits de l’éditeur. Ainsi, nous ne commercialisons plus notre logiciel aux États-Unis ni dans la plupart des pays
d’Europe où ce type de droit n’existe pas pour les DVD. ‘Du côté du toulousain VSO-Software, éditeur du logiciel CopyToDVD, on est également très prudent. ‘ Techniquement, on pourrait permettre la copie des DVD vidéo commerciaux, par exemple en demandant à l’utilisateur
si la législation de son pays autorise la copie privée et, si c’est la cas, en ajoutant un module pour faire sauter les protections. Mais ce serait très limite ‘, estime Fabrice Meuwissen, un des cogérants de la société.DVD Decrypter en a fait l’expérience en Angleterre. Développé par un informaticien britannique, ce logiciel était devenu un des outils les plus populaires pour réaliser des copies de films. Etait, car un éditeur ?” selon nos
sources le spécialiste de la gestion des droits numériques Macrovision ?” a récemment menacé le créateur de DVD Decrypter, qui a préféré baisser pavillon.Les autres outils sont à chercher plus loin. Certains, comme DVD Shrink ou DVD43, sont des
freewares sans origine géographique bien définie. Du côté des logiciels commerciaux, il faut aller voir en Chine pour DVD Region + CSS Free, édité par Fengtao. Jusqu’à des
destinations franchement exotiques comme Antigua, un micro-état antillais. C’est là que réside SlySoft, éditeur d’AnyDVD, un logiciel allemand de copie de DVD que son créateur a préféré délocaliser.
La copie privée renforcée par la loi
Si la directive est adaptée selon les v?”ux de la Commission des lois, ces outils seront illégaux. Mais la France se distinguera par rapport à ses voisins européens en maintenant le droit à la copie privée, y compris pour les DVD
vidéo. ‘ Il nous fallait trouver un équilibre entre trois pôles, les consommateurs, les auteurs et les industriels, explique Christian Vanneste, député UMP du Nord et rapporteur du projet de loi à l’Assemblée.
Contrairement à ce qui a pu être raconté, la copie privée n’est pas abandonnée. Bien au contraire, à condition qu’il s’agisse de dupliquer un produit acheté licitement, elle est enracinée là où elle est légitime, dans le cercle de la
famille. Pour les DVD vidéo, qui sont actuellement protégés contre la copie, une solution devra être proposée. ‘Ce n’est toutefois pas dans la loi que sera précisée cette solution. Le texte prévoit la création d’un collège
de trois médiateurs (dont deux magistrats). Chargé des questions de copie privée, c’est à lui qu’incombera de régler les litiges entre auteurs, consommateurs et industriels. Et
d’imaginer des solutions technologiques et commerciales satisfaisant tout le monde.Certains fourbissent déjà leurs arguments. La première proposition faîte à Christian Vanneste, plutôt originale, émane de l’Alpa, l’Association antipiraterie de l’industrie du cinéma. Nicolas Seydoux, son président, a pris au mot
l’idée d’au minimum une copie par DVD. Et propose donc, pour respecter le droit à la copie privée, de fournir systématiquement deux DVD d’un même film au lieu d’un.
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