Dans l’édition 2008 de son guide de l’achat sur Internet,
publiée le 19 novembre, le Forum des droits sur l’Internet (FDI) attirait l’attention sur les jeux vidéos en ligne. Ce
27 novembre, il va plus loin et publie sur le sujet une recommandation de 80 pages. Avec celle-ci, le FDI propose aux pouvoirs publics d’adapter certains points de droit, afin d’assurer une meilleure régulation de ce secteur en
France.C’est la première fois que l’organe consultatif s’intéresse à ce thème. Il a été confronté à l’étendue de ce que regroupe aujourd’hui le vocable ‘ jeu ‘ : petits jeux dits
‘ occasionnels ‘, simples et que l’on s’échange (souvent développés en flash), les univers virtuels à la Second Life ou encore les jeux massivement multijoueurs (MMORPG). D’autres phénomènes sont venus se greffer au jeu
lui-même, comme les systèmes de messagerie entre joueurs ou l’achat-vente de comptes ou d’objets virtuels.L’un des premiers soucis du FDI concerne le temps passé à jouer en ligne. ‘ Les joueurs eux-mêmes expliquent qu’ils ont du mal à contrôler leur temps de jeu ‘, note Laurent Baup, juriste
chargé de mission au FDI. Le problème n’est pas tant le nombre d’heures que la perte du lien social. Pour éviter cette dérive, le FDI imagine plusieurs mécanismes de contrôle. Comme la mise en place d’une horloge visible en permanence, l’apparition
d’un personnage qui indiquerait la durée écoulée ou au moins des fenêtres de dialogue conseillant de faire une pause.Plus contraignant, le FDI recommande que les éditeurs ‘ mettent systématiquement en place des systèmes permettant aux parents de définir simplement les créneaux horaires durant lesquels la connexion au jeu est
permise ‘, sur le modèle du contrôle parental.Concernant les jeux multijoueurs, les univers évoluent sans cesse, donc les sessions peuvent avoir une durée illimitée. Le Forum soumet l’idée de ralentir les performances. ‘ On ne voulait pas aller jusqu’à
l’interruption du jeu, précise Laurent Baup. En revanche, il n’est pas illogique de penser que le personnage soit fatigué au bout d’un moment. ‘
Le joueur verrait ainsi son personnage évoluer moins vite
après quelques heures.
Le problème de la signalétique
Côté signalétique, le Forum recommande que la signalétique européenne PEGI, qui conseille les jeux à telle ou telle tranche d’âge (rating), soit ‘ systématiquement présente sur la page de téléchargement du jeu et
que (…) le rating du jeu, les descripteurs et le label apparaissent à chaque lancement du jeu ‘. Autre piste : qu’une meilleure information soit assurée sur la version Internet de PEGI, baptisée PEGI Online, qui
s’avère, dans les faits, plus ‘ une information supplémentaire donnée aux joueurs et aux parents sur les engagements pris par les éditeurs qu’une validation du contenu présent dans le jeu par les
administrateurs du système ‘.Le Forum aimerait aussi que les différents logiciels de contrôle parental (consoles et ordinateurs) prennent en compte le label PEGI Online dans leur capacité de filtrage des jeux.Si le groupe de travail du FDI s’attendait à devoir traiter ces aspects, il en est d’autres qu’il a découverts. ‘ On savait qu’il y avait de la publicité dans les jeux, raconte Laurent Baup,
mais on n’imaginait pas que c’était un marché en émergence. On trouve de la publicité évolutive en cours de jeu, ce qui pose des problèmes éthiques et juridiques ‘.Une batterie de recommandations vise donc à encadrer ce genre de pratiques : information sur la présence de publicité dans le jeu avant l’achat, publicité en rapport avec l’âge de la classification PEGI, avec le contexte (pas de
publicité de voiture dans univers médiéval, par exemple), pas de publicité sur lesquelles on peut cliquer, permettre aux joueurs de rapporter à l’éditeur des messages publicitaires non-sollicités, etc. Le soin et le détail de l’analyse du FDI sur ce
chapitre donnent en tout cas la mesure de ses préoccupations.Comme pour toute recommandation du FDI, on attend désormais de voir quelles idées seront concrétisées par les politiques.
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