Start up, jeunes pousses, sociétés de croissance, dotcom et autres dérivés de la net économie sont-ils devenus des termes maudits depuis l’éclatement de la bulle internet ? Pas nécessairement, mais ces structures n’inspirent plus confiance aux investisseurs en hautes technologies, à moins d’avoir une idée solide et une équipe dirigeante expérimentée. C’est le cas des jeunes pousses innovantes comme PhoneValley, Telisma, Kotio ou Instranet qui maintiennent leur place sur le marché. Ces quatre acteurs ont en commun une même volonté de croissance et d’innovation qui se conjugue avec un modèle économique qui tient la route. “Les entreprises qui réussissent, savent où elles veulent aller, tient d’abord à préciser Eric Morgain, associé au cabinet de conseil Deloitte & Touche, et ce, au bon moment.”
Le capital humain, facteur de croissance principal
Selon l’étude que le cabinet a réalisée aux Etats-Unis auprès des 500 premières entreprises à forte croissance, les sociétés qui réussissent ont d’abord donné la priorité à un fort leadership. La compétence intervenant comme critère moins important. De plus, on observe un certain nombre d’invariants dans un modèle économique fiable : la volonté de croissance, l’innovation et le mouvement en termes de marché, l’existence de nouveaux produits, les ressources humaines et le mode de management. “Il existe finalement deux types de modèles économiques qui tiennent la route. Ceux issus d’entreprises dites anticipatrices qui traversent le mieux la crise, généralement gérées par des managers de formation ingénieur. Et les modèles d’entreprises réactives, plutôt utilisés par des commerciaux”, synthétise Eric Morgain. Ces modèles éprouvés sont échafaudés par des dirigeants qui ont toujours des “personnalités propres, capables d’humilité et d’accepter des critiques et des remises en cause de la part des cabinets de conseil. Ces entrepreneurs ont une seule idée fixe, la croissance sur laquelle va se baser leur culture d’entreprise et toute leur organisation “.Là se situe l’autre élément nécessaire au succès : “La deuxième préoccupation des dirigeants de ces entreprises est de recruter les meilleurs éléments, afin de former les futurs successeurs. Car si l’on n’est pas capable de mettre en place la structure adéquate pour assurer le rythme de croissance de l’entreprise, cela ne fonctionnera pas, observe Eric Morgain. A ce titre, les entreprises technologiques de forte croissance, interrogées dans l’étude, ont l’intention de recruter les meilleurs profils. Ce capital humain étant considéré comme facteur de croissance principal, avant la qualité de leurs produits et la pertinence du ” juste à temps “.
La Coupe du monde de football fait décoller le SMS
Premier exemple chez PhoneValley qui, bien placé sur le terrain des solutions SMS, se prépare au futur segment de marché du MMS (Multimédia Messaging Service). “Le ratage du Wap nous a-t-il servi ? qui sait ? Le marché florissant du SMS ?” sachant que fin 2002 plus d’un milliard de messages SMS seront échangés par mois ?” devrait durer jusqu’en 2006. Et peu de médias sont à ce jour sur ce segment. Celui-ci touche plusieurs secteurs dont les radios, la presse, le cinéma, la grande distribution et les grandes marques. Le SMS est utile pour toutes les entreprises qui ont des projets de gestion de la relation client. Nous sommes sur un marché de croissance : Le Monde va publier ses grands titres de une sur SMS, SFR organise déjà des jeux Textofoot, le marketing direct fonctionne très bien chez Nike, Coca Cola et La Poste”, soutient, non sans fierté, Alexandre Mars, 27 ans, PDG de Phone Valley. Du coup, il prévoit un CA de 4 M? en 2002 et, depuis l’été dernier, se finance par son propre chiffre d’affaires. Ses revenus n’ont réellement décollé qu’avec l’émission Loftstory et la Coupe du monde de football ! “Les cartes prépayées avec envoi de messages SMS pour les matchs du PSG, par exemple, et les cartes promotionnelles de grandes marques vont se multiplier.”
Le créneau porteur des dialogues interactifs
Créée en août 2000, la jeune société Telisma est, quant à elle, un essaimage de France Télécom qui en détient 17 % du capital. Son créneau, la reconnaissance vocale et des dialogues interactifs, lui a déjà permis d’augmenter son capital de 10,5 millions d’euros en juillet dernier. “Grâce à cette nouvelle levée de fonds, notre pérennité est en principe assurée. Nous développons des solutions de services interactifs et d’automatisation de dialogues. Nos produits sont déjà utilisés par Atos Origin, Cap Gemini Ernst & Young et autres partenaires comme HP et Unisys”, se félicite Laurent Balaine, son PDG.Pour cet entrepreneur passionné et après une belle carrière chez HP, la vente et le marketing ne sont plus un secret. “Notre modèle de vente est l’indirect et repose sur une équipe de 65 personnes dans nos centres de Rennes et de Lannion, pour l’ingénierie de produits, et à Issy-les-Moulineaux pour la partie vente et services. Nous assurons aussi une présence commerciale et technique à Milan et à Madrid.” Ses clients sont des opérateurs télécoms, des hébergeurs de services vocaux et les grands comptes dotés de centres d’appels.Le modèle d’Instranet, spécialiste des infrastructures collaboratives, a le bénéfice d’être accompagnée par Business Objects. Les tours de table menés en mars 2000 et juin 2001 au moment où la bulle internet éclatait n’ont pas été faciles. Mais le plan de développement a séduit. “Notre modèle économique est à la fois basé sur celui d’Oracle et de Business Objects. Notre première plate-forme collaborative, Instranet 2000, sortie en avril 2000, fonctionne sur le web et s’adresse aux directions promotionnelles et commerciales. Aujourd’hui nous accélérons nos investissements, notamment dans le recrutement de développeurs, afin d’assurer la pérennité de notre ligne de produits. Notre réseau de vente et la R & D sont les éléments clés de notre modèle économique”, reconnaît Jean Noël Grandval, PDG d’Instranet, qui vient d’accueillir un groupe d’investisseurs américains (dont Kenwood Capital) pour s’introduire au Nasdaq… mais pas avant deux à trois ans.
La signature électronique, un marché prometteur
Quant à Kotio, qui vise un chiffre d’affaires de 300 000 euros en 2002, elle s’attaque au marché prometteur de la signature électronique. Le secret de son succès tient dans la confiance des investisseurs : “Nous avons levé 4 millions d’euros. Un nouveau tour de table est prévu pour 2003. Aujourd’hui, nous voulons gagner du temps et obtenir suffisamment de légitimité auprès du marché du secteur réglementaire avec nos services de vérification, avant signature électronique. Puis soit nous nous ferons aider par la CDC et la Société Générale, nos investisseurs actuels, soit nous nous adosserons à un grand groupe, pour accompagner notre croissance”, espère Isabelle Angelo, présidente de Kotio. Cette “ancienne” des services de sécurité au ministère de l’Industrie (DCSSI) reconnaît qu’une certaine inertie de décision perdure en France. “Récolter de l’argent dans les caisses a bien pris six bons mois. Nous sommes en quelque sorte des ” rescapés” des procédures des levées de fonds.” Kotio s’est inscrit dans un appel de projets du ministère de l’Industrie pour bénéficier d’une subvention complémentaire.Pour toutes ces jeunes pousses, c’est la capacité à anticiper le marché des nouveaux produits et le choix d’un secteur qui a le vent en poupe qui fera la différence. Comme en témoigne la société Wavecom, qui a développé le marché du mobile en Chine au moment où personne n’y croyait.
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