Ceux qui courent après un financement auront du mal à le croire : le montant investi par les capital-risqueurs dans le domaine des nouvelles technologies a baissé, mais pas autant qu’il n’y paraît. En fait, le niveau semble revenir à sa valeur d’avant la “folie internet” de l’année 2000. “A cette époque, nous avons eu affaire à un phénomène d’intoxication collective. Tous les investisseurs subissaient la pression ambiante. Désormais, ce passage doit être considéré comme un accident dans l’histoire du capital-risque”, explique Christophe Chausson, à l’origine de l’indicateur Chausson Finance. Les chiffres sont clairs : hormis l’épisode 2000, les sommes investies lors de la première moitié de 2001 sont toujours en croissance par rapport aux deux années précédentes.
L’ancienne économie refait surface
En revanche, la tendance à court terme reste à la baisse. Ce rétrécissement devrait se stabiliser autour des 300 millions d’euros par semestre, selon l’initiateur de Chausson Finance. Une autre nouveauté vient de l’attribution des investissements, les principaux bénéficiaires actuels étant des sociétés déjà en activité. Ainsi, 58 % des opérations portent sur un refinancement, contre 49 % en début 2000. Depuis l’explosion de la bulle internet, les investisseurs préfèrent digérer les projets qui se sont révélés douteux, plutôt qu’investir dans de nouvelles réalisations.Mais chacun fait ses choix. Ainsi, depuis sa création il y a un an et demi, le fonds d’investissement Chrysalead a reçu sept cents dossiers et en a soutenu sept, pour un total de 20 millions d’euros. Aujourd’hui, son directeur général, Jacques Legendre, estime intéressant d’investir au creux de la vague, mais difficile de trouver de bons projets. Il avoue préférer les services internet possédant un lien avec l’ancienne économie, car il peut ainsi s’assurer qu’il existe un marché derrière le service. Par exemple, Chrysalead a investi 1,8 million d’euros dans Easyburo.Cette start up, qui assiste les entreprises dans leur déménagement, a signé des accords avec les trois plus importants acteurs de l’immobilier de bureau. Son directeur avoue également être plus regardant sur les plans d’activité. “J’élimine toutes les technologies déjà vues vingt-cinq fois. Pour les services internet, je vérifie qu’il y a un chiffre d’affaires important à la clé. Il ne suffit plus de montrer un schéma avec des chiffres miraculeusement à la hausse”, ironise l’investisseur, dont le portefeuille contient encore 38 millions d’euros. En fait, les fonds d’investissement ont les poches pleines. Mais tant que les indicateurs économiques seront aussi bas, ils feront le gros dos. Le tri devient sévère, et certains secteurs sont devenus trop risqués.
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