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Les investisseurs boudent encore l’infiniment petit

4 start-up qui comptent dans les nanotechnologies : Inanov (Fr), Nano Magnetics (Gb), Nanogate Tech. (De), Nanoledge (Fr)

Décidés à prendre la vague des nanotechnologies, les capital-risqueurs européens tergiversent encore sur leur calendrier, partagés entre l’énorme potentiel de ce marché et la faible maturité de ses start-up. Moins perplexes, leurs homologues américains sont encouragés par les investissements publics et industriels réalisés dans leur pays. Lancée par Bill Clinton en 1999, la National Nanotechnology Initiative (NNI) a en effet été dotée de plus de 600 millions de dollars (658,6 millions d’euros) en 2002. L’an dernier, l’organisme estimait à 225 millions de dollars les investissements consentis dans les nanotechnologies en Europe et à 550 millions de dollars au Japon. De son côté, la Chine a récemment revendiqué 200 millions de dollars de dépenses publiques sur ce marché.

Pépinière grenobloise

C’est sans doute en Amérique du Nord que se concentre l’essentiel des investissements industriels désormais réalisés dans ces disciplines de la manipulation de matière à l’échelle du nanomètre (un millionième de mètre), à travers les programmes de recherche de HP, IBM, Intel, Sun, Lucent, Nortel, mais aussi Boeing, Agilent, Du Pont, Dow Chemicals ou Eastman Kodak, pour ne citer qu’eux. En France, Grenoble rassemble une bonne part des initiatives. Regroupant laboratoires, écoles d’ingénieurs et une pépinière d’entreprises, le centre de recherche sur les micro et nanotechnologies Minatec s’y établira d’ici à la fin 2004, avec un budget annoncé de plus de 150 millions d’euros. Fondateur de CMP Científica, un cabinet d’études européen de référence sur le secteur, Tim Harper souligne la nouvelle hégémonie américaine : la majorité des 435 sociétés liées aux nanotechnologies qu’il recense dans le monde sont en effet nord-américaines. Certaines sont même cotées, à l’exemple de Nanophase Technologies. Également manager exécutif de l’association européenne Nano Business, le consultant estime qu’un total de 4 milliards de dollars seront investis dans les nanotechnologies en 2002. Une somme essentiellement répartie entre les dépenses publiques et l’industrie, le capital-risque n’étant pas encore significatif.

Boom annoncé

Anticipant le boom annoncé, nombre d’investisseurs s’apprêtent cependant à accompagner les jeunes pousses des nanotechnologies à leur sortie des laboratoires universitaires ou de grandes entreprises. CMP Científica estime en effet que près d’une centaine de sociétés d’investissement dans le monde s’intéressent de près aux technologies de l’infiniment petit, à l’exemple de Draper Fisher Jurvetson (DFJ) ou Lux Capital aux États-Unis, de Polytechnos à Munich ou de Capital Stage à Hambourg. À l’horizon de deux ou trois ans, Tim Harper prévoit que les produits à base de nanotechnologies devraient se multiplier. Estimé aujourd’hui entre 30 et 100 millions de dollars, le marché mondial des nanotechnologies devrait atteindre 1 000 milliards de dollars en 2015, selon la National Science Foundation américaine.En prenant en compte les produits et les procédés à base de nanotechnologies ?” ce marché connaît déjà de nombreuses applications dans l’industrie automobile, la cosmétique, la verrerie ou encore l’emballage ?”, la banque d’investissements Evolution Capital situe actuellement ce marché entre 20 et 50 milliards de dollars.Selon le cabinet CMP Científica, les segments les plus avancés dans les nanotechnologies sont le développement de nanomatériaux aux propriétés optiques, mécaniques et chimiques plus performantes (nanotubes, nanofibres, etc.), les outils ou la catalyse.En revanche, le stockage et la distribution d’énergie (le stockage de l’hydrogène liquide pour les futures piles à combustible, par exemple), l’aérospatiale, la médecine (diffusion de médicaments, etc.), l’électronique (processeurs, etc.) comme les écrans ne devraient pas engager la production d’applications à grande échelle avant au moins trois ans.

4 start-up qui comptent dans les nanotechnologies

Inanov (FR)Date de création : mars 2002

Fondateur : J.-C. Favreau, B. Vu-Thien

Nombre de salariés : 4

Fonds levés : aucun

Fonds recherchés : 315 000 ? (d’ici à septembre 2002)

CA prévisionnel 2002 : NC

Partenaires : Laboratoire d’émissions électroniques (LEE-CNRS), Institut des matériaux de Nantes (IMN-CNRS)Appuyée par deux laboratoires du CNRS, Inanov veut réaliser un prototype de nanopage (brevet international déposé en 1998), c’est-à-dire un écran souple et tactile de 1 à 2 mm d’épaisseur, à base de nanotubes de carbone (microcanons à électrons), d’une haute résistance mécanique et peu gourmand en énergie. Dès le printemps 2003, Inanov développera des micro-écrans concurrents des Oleds (écrans électroluminescents organiques), puis en 2004 de grands écrans publicitaires, avant d’aborder les écrans à haute définition (home cinema), et des écrans tactiles (printemps 2005). La start-up envisage de vendre des licences dans les deux ans à venir.Nano Magnetics (GB)Date de création : juin 1997

Fondateurs : E. Mayes, N. Tyler

Nombre de salariés : 14

Fonds levés : 12 M?

Fonds recherchés : 8 à 16 M? fin 2003

CA prévisionnel 2002 : NC

Partenaires : NCPionnière britannique des nanotechnologies, Nano Magnetics travaille sur le stockage d’informations pour de futurs disques durs d’une capacité supérieure au teraoctet. Pour cela, la start-up produit des grains magnétiques à l’intérieur de sphères de protéines appelées “apoferritine”, 10 000 fois plus petites que le diamètre d’un cheveu. Limitées par la cavité de ces sphères, ses grains magnétiques sont très uniformes, ce qui permet une plus grande fiabilité de stockage. Après avoir atteint la capacité de 2,2 gigabits (Gbit) par pouce carré fin 2001, Nan Magnetics compte passer la barre des 8 Gbit par pouce carré cet été. La jeune pousse prévoit de commercialiser ses premiers produits en décembre 2003.Nanogate Tech. (DE)Date de création : novembre 2000

Fondateurs : R.-M. Zastrau, R. Naâ, G. Jonscher

Nombre de salariés : 60

Fonds levés : >15,3 M?

Fonds recherchés : pas dans l’immédiat

CA prévisionnel 2002 : >6,5 M?

Partenaires : Bosch, Bayer, Duravit, Fraunhofer Institut, Max-Planck Institut, Institut Neue MaterialenLa société allemande développe des nanocomposants organiques et inorganiques, et des nanostructures “auto-organisées “. Elle vend aux fabricants d’équipements de salle de bain (Roca, Duravit, Duscholux) des revêtements antirayures et anticorrosion pour surfaces en verre ou en céramique. Nanogate produit aussi un revêtement résistant à la chaleur pour l’industrie automobile et pour l’imprimerie. La start-up a été le fournisseur officiel de fart pour skis et snow-boards des équipes allemande, canadienne, suisse et américaine aux derniers JO d’hiver. Nanogate a généré un CA de 4,1 millions d’euros en 2001 et compte augmenter ses recettes de 60 % cette année.Nanoledge (FR)Date de création : mars 2001

Fondateurs : S. Hoebanx, M. Grac, J. Sainte-Catherine, S. Tahir

Nombre de salariés : 7

Fonds levés : 1 M?

Fonds recherchés : NC (courant 1er semestre 2003)

CA prévisionnel 2002 : 150 000 ?

Partenaires : GDPC (Université de Montpellier 2-CNRS)Nanoledge commercialise des nanotubes de carbone 50 000 fois plus fins qu’un cheveu, 100 fois plus résistants et 6 fois plus légers que l’acier, bons conducteurs d’énergie et de chaleur, déformables sous un champ électrique, capables de stocker des molécules… Dotée d’une capacité de production de 150 grammes par jour (1 g vaut 100 dollars, soit 110 euros), la start-up travaille au développement de fibres capables d’aligner les nanotubes (brevet CNRS). En attendant des partenariats industriels, Nanoledge fournit depuis août 2001 ses nanotubes pour les raquettes Babolat haut de gamme. Cependant, à terme, l’aéronautique constituera lessentiel de ses débouchés.

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BM