ADSL : quatre lettres qui font parler d’elles car elles désignent un nouveau mode connexion à Internet, en plein développement. Le principe est séduisant : l’Asymmetric Digital Subscriber Line (ADSL) promet un débit de 512 Kbits/s pour une connexion permanente. Elle utilise la ligne téléphonique classique entre l’utilisateur et son central téléphonique et est ensuite relayée par des lignes à haut débit.
Pourtant tout ne semble pas rose dans l’univers de l’ADSL. Quelques mois après l’ouverture au public de ce service, dans les premières villes de France dotées de l’infrastructure, il suffit de parcourir les forums de discussion sur le sujet pour trouver toutes sortes de messages de déception ou de colère. Une partie des internautes se plaint de déconnexions chroniques, tandis que d’autres pestent contre la lenteur du débit et l’impossibilité de jouer en réseau. Certains ont même rebaptisé L’ADSL : Attention Download Super Lent !
Pourtant tout le monde ne semble pas être logé à la même enseigne. Sur ces forums, on trouve aussi de nombreux témoignages de satisfaction. Mieux encore, l’ADSL changerait radicalement la relation des internautes avec Internet. Notre enquête révèle les mêmes distorsions.
Les raisons du mécontentement
Mais alors, qu’est-ce qui peut expliquer ces différences dans la qualité du service ? La réponse n’est pas facile, car France Télécom et les fournisseurs d’accès se renvoient la balle : impossible de définir clairement les responsabilités de chacun lorsque l’ADSL fonctionne mal.
Le réseau connectant les particuliers à Internet a en effet la particularité d’être sous la responsabilité, à la fois, de France Télécom et des fournisseurs d’accès, chacun ayant sa part dans le fonctionnement du service. Pour être plus précis, France Télécom prend la charge d’une portion du réseau entre le particulier et le central téléphonique tandis que le fournisseur d’accès assure la liaison du central vers Internet.
” Cela fait plusieurs raisons d’être mécontent “, affirme Christophe Franchini, directeur commercial de Free, un fournisseur d’accès qui propose aujourd’hui un accès gratuit à l’ADSL en mettant en avant le fait que le service n’est pas garanti. Free dispose aujourd’hui de plus de 1 000 abonnés sur Paris… dont de nombreux mécontents. Pour Christophe Franchini, le coupable est tout désigné : c’est l’opérateur public. “ Le réseau de France Télécom est mal dimensionné, d’où les difficultés actuelles. Tous les abonnés ne sont pas raccordés et, déjà, ça râle ! “
Du côté de France Télécom, on se retourne vers le fournisseur. ” L’ADSL est l’accès à Internet qui offre aujourd’hui le meilleur rapport qualité prix “, insiste Yves Cascales, directeur de France Télécom DSL. ” S’il y a des problèmes avec Free c’est qu’ils ont pris trop d’abonnés par rapport à leur capacité. En tout état de cause, il ne faut pas oublier non plus que l’accès est sous la responsabilité du fournisseur et que cet accès dépend aussi de l’engorgement du réseau au moment où on se connecte ainsi que du serveur où l’on cherche les informations. “
Et pour ceux qui se plaignent de Wanadoo ? Yves Cascales se veut rassurant : ” Si des particuliers se plaignent de l’ADSL, ils doivent d’abord contacter notre hot-line. S’il le faut, nous nous déplacerons. Cela peut tout simplement venir d’un mauvais paramétrage du réseau sur leur ordinateur. “ Pour France Télécom, il n’y a donc aucun problème.
Des réseaux insuffisants
Avec plus de recul, Christophe Carel, gérant du fournisseur d’accès Nerim, renvoie Free et France Télécom dos à dos. “ C’est évident qu’il y a quelques soucis au niveau de France Télécom. Les débits ne sont pas ceux promis ! affirme-t-il. D’un autre côté, Free est de mauvaise foi. Ils sont surchargés et ça ne peut que ramer. C’est à eux de redimensionner leur réseau en fonction de leur nombre d’abonnés. En ce qui nous concerne, nous n’avons pour l’instant que vingt abonnés et ce sont les rois ! “
Alors que la polémique se prolonge dans les forums de discussion, l’ADSL va donc poursuivre son petit bonhomme de chemin. ” Nous continuons le déploiement de l’ADSL et nous espérons couvrir plus de 200 villes d’ici à la fin de l’année “, insiste Yves Cascales. D’autres fournisseurs s’intéressent d’ailleurs de près à ce nouveau type d’accès. C’est le cas d’Infonie, qui proposera une offre en avril prochain. ” Techniquement, l’ADLS fonctionne. Je veux bien croire qu’il y a des problèmes aujourd’hui, mais c’est normal. Cela n’a rien d’alarmant. Nous commercialisons l’ADSL en Belgique depuis un an et cela marche très bien. “
Une technologie qui reste d’avenir
A la mi-février, Liberty Surf s’apprêtera lui aussi à lancer une offre à Paris. “Il y aura peut-être quelques petits problèmes au début, mais nos premiers tests ont été très positifs”, souligne Eric Denoyer, directeur technique de Liberty Surf. “De toute façon, c’est une technologie qui va forcément se développer dans les années à venir et les choses ne peuvent que s’améliorer. Il faut rester conscient que le déploiement de l’ADSL va obligatoirement s’accompagner de défauts de jeunesse.”
L’association des fournisseurs d’accès et des services Internet (AFA) voit, quant à elle, un démarrage un peu plus lointain. Comme le remarque Jean-Christophe Le Toquin, délégué permanent de l’AFA, “la montée en puissance de l’ADSL pose des problèmes techniques qui n’étaient pas prévus a priori. On est encore en phase d’expérimentation et l’ADSL ne devrait vraiment prendre son envol qu’en 2001.”
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