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Les intégrateurs, critiques sur les premiers pas du SAN

En retard sur ses voisins européens, l’Hexagone voit enfin le marché du SAN décoller, selon les intégrateurs qui misent sur cette technologie. Des projets trop ambitieux et des technologies pas assez matures expliquent ce démarrage laborieux.

En France, le marché des réseaux de stockage a tardé à prendre son envol. Les premiers frémissements se sont fait sentir à la fin de l’année dernière. Depuis, cette tendance s’est affirmée, selon les intégrateurs spécialisés. Pourtant, la France serait en retard d’au moins un an sur l’Allemagne et la Grande-Bretagne. “Lorsque nous vendons dix commutateurs Fibre Channel dans l’Hexagone, il s’en vend cent dans chacun de ces pays”, affirme Michel Gacem, directeur du pôle d’activité Storage et Cluster de Morse. “Cette performance est toutefois une avancée colossale pour ce marché. Le secteur du SAN, après plusieurs mois, sort enfin de sa léthargie”, poursuit-il.Comment expliquer ce retard à l’allumage ? “Airbus Industrie, a lancé, voilà plus de deux ans, un projet SAN très ambitieux. Ce fut un précurseur. Tous les regards se sont tournés vers cette réalisation. Sa mise en ?”uvre s’est révélée beaucoup plus laborieuse que prévu. Tant et si bien que la solution était obsolète dès son démarrage. Depuis, les responsables des systèmes d’information des grandes entreprises se sont montrés très prudents face au SAN”, assure Michel Gacem.“Airbus Industrie fait évoluer le projet. C’est le même constructeur qui en est chargé mais il s’est engagé sur des résultats, ce qui n’était pas le cas lors de la première phase”, reprend Patrick Dufour, responsable des services professionnels de 2AI, qui enchaîne : “Le SAN a suscité un tel engouement que les constructeurs ont cru pouvoir bâtir des réseaux rapidement. Les projets ambitieux ont vite été revus à la baisse devant le manque de maturité des solutions et face à la faible interopérabilité, surtout pour une qualité de service de bout en bout.”Le démarrage en douceur du marché français le fait toutefois bénéficier de l’expérience acquise ailleurs. Exit la technologie Fibre Channel Arbitrated Loop (FCAL). Les SAN sont bâtis autour de commutateurs. “Le FCAL n’avait aucun sens, si ce n’est de satisfaire quelques constructeurs qui n’arrivaient pas à mettre au point des commutateurs. Il n’était même pas normalisé. Son arrêt ne peut qu’apporter plus de visibilité sur le marché”, tempête Michel Gacem.

Un degré de maturité désormais suffisant

En outre, les technologies auraient atteint un degré de maturité suffisant. “Les problèmes d’interopérabilité sont en grande partie levés”, estime Jean-Claude Petiot, ingénieur chez Hexalis. Les projets SAN voient également leur taille s’accroître. “Avant, les solutions mobilisaient deux ou trois commutateurs. Désormais, il n’est pas rare d’en prévoir nettement plus”, s’enthousiasme Hubert Taïeb, gérant de Systemic. “Les grands projets restent peu nombreux”, tempère Philippe Menestreau, responsable marketing de 2AI.

Des solutions plus stables pour le SAN

Les sauvegardes dotées d’attachements FC ont aussi vu le jour. “On voit apparaître deux types de SAN. Le premier est dédié à la sauvegarde. Le second est une infrastructure commune au stockage et à la sauvegarde”, détaille Paul Lelot, directeur commercial chez Synstar. À terme, l’idéal serait la sauvegarde où l’on ne consomme plus de ressources sur le serveur sauvegardé (serverless backup). Le concept est séduisant, mais “personne ne le met aujourd’hui en production”, assure Paul Lelot.Face au stockage en réseau, les administrateurs se voient confrontés à une rude tâche. “2001 a vu apparaître les premiers vrais outils d’administration pour un SAN hétérogène. Auparavant, les constructeurs en parlaient. Maintenant, ils les vendent”, se félicite Hubert Taïeb.En outre, “les premières appliances destinées à la virtualisation et à l’administration ont vu le jour. Elles vont révolutionner le SAN et sa supervision”, assure Stéphane Blanc, p.-d.g. d’Antemeta. Certaines, comme celle de Compaq, dressent la cartographie du SAN, fonction similaire à celle des réseaux LAN. Par ailleurs, les entreprises ont assimilé la complémentarité du SAN et du NAS. Les constructeurs aussi ont évolué et proposent des équipements de convergence.Attention, toutefois : “Il n’est pas rare de rencontrer des bases de données installées sur des NAS. Or, ces équipements ne sont absolument pas prévus pour cet usage. Les entreprises adoptent cette configuration à leurs risques et périls”, avertit Stéphane Blanc. Enfin, la discussion naissante autour des protocoles iSCSI ou Fibre Channel over IP se résume, pour le moment, à une guerre de pouvoir entre les constructeurs. “Les projets actuels ne prennent pas en compte ces évolutions”, conclut Michel Gacem.

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Xavier Bouchet