Les grosses SSII ont, ces derniers mois, massivement embauché de jeunes diplômés. Aujourd’hui, elles sont confrontées à un manque criant de profils confirmés pour encadrer ces nouvelles recrues. Créée il y a treize ans, Alten a connu cette crise de croissance. “La pyramide des compétences n’était plus homogène. Nous formions insuffisamment de managers”, analyse Laurent Schwarz, son directeur général. La SSII a donc mis en place en mars 2000 une “machine à produire des managers”. Avec l’aide de Krauthammer International, Alten forme quelque cent collaborateurs par an à la communication, au management et à la vente. Des ingénieurs évoluent vers des postes d’ingénieur d’affaires ou de responsable d’agence. “Alten est une société d’ingénieurs pour les ingénieurs, fondée par des ingénieurs. Nous estimons que des techniciens sont mieux à même de comprendre les besoins du client. Mais comment faire évoluer ces profils techniques, manipulant des concepts scientifiques, vers des problématiques de management et de communication ?” s’interroge Laurent Schwarz.
Quatre jours pour devenir ingénieur d’affaires ?
Laurent Schwarz déplore les lacunes en management et communication des écoles d’ingénieurs : “En informatique, il s’agit pourtant de régler avant tout des problèmes humains. Les gens sont désarmés.” La conduite du changement débute par la détection des candidats à fort potentiel. Si, dans la majorité des cas, il existe une adéquation entre le profil et la demande, il faut parfois vaincre certaines réticences : “J’aime trop la technique” ; “Le management, c’est beaucoup de stress”. La moyenne d’âge des managers oscille entre vingt-huit et trente-cinq ans, la négociation et l’encadrement d’équipe exigeant, en effet, une certaine maturité. Un programme pédagogique fait la part belle aux mises en situation et aux jeux de rôle, à raison de quatre jours sur quatre mois. Mais peut-on réellement former un ingénieur d’affaires en quatre jours ? “Il ne s’agit pas d’en faire des ” terminators de la comm “, mais d’acquérir certains réflexes”, se défend Laurent Schwarz. Ce plan de migration présenterait également deux autres vertus.“En proposant des méthodes de travail homogènes, c’est un outil d’intégration et de cohésion. L’ingénieur renforce, par ailleurs, son employabilité avec un CV plus pérenne.” Une manière de maîtriser le turnover ? “Les personnes partent souvent quand elles ont l’impression de ne plus progresser.” Mais un retour à la position antérieure serait toutefois possible, le nouveau contrat étant assorti d’une période d’essai. Alten n’est pas la seule société à être confrontée à ce type de gestion des compétences. Unilog et Valoris ont créé une université interne. Chez Steria, le Comité d’évaluation et de développement des ressources de l’entreprise procède à l’évaluation annuelle de chaque collaborateur et à sa projection à cinq ans.
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