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Les infrastructures remises en cause – Réseaux et système de nommage à revoir

Si le P2P prenait une place importante dans le système d’information, il pourrait influencer toute l’infrastructure, du réseau au serveur en passant par le poste de travail.

Les applications client- serveur ou intranet n’ont jamais évincé le modèle centralisé. Mais elles ont justifié l’évolution d’un réseau hiérarchisé souvent basé sur le protocole SNA, vers une topologie plus horizontale reposant sur IP et sur le système de nommage DNS. De même, le modèle peer-to-peer pourrait à son tour orienter les infrastructures dans une nouvelle direction.Au rayon tuyaux, le serveur qui pilote une application P2P ne génère pas un trafic important, celui-ci étant désormais concentré sur des échanges directs entre ressources. Dès lors, les goulets d’étranglement se diluent et la constitution de dorsales auxquelles les serveurs sont directement raccordés se justifie moins. La topologie entière des réseaux pourrait ainsi être revue.Le P2P présente également la caractéristique de générer un trafic symétrique entre ressources, alors qu’en client-serveur, les requêtes sont plus compactes que les réponses. Cette nouvelle donne pénalise les connexions asymétriques, comme les modems, l’ADSL et le câble.

Vers un nouveau système de nommage des ressources

Le P2P a aussi une influence sur les dimensions des PC et des serveurs. Ces derniers se contenteront d’une puissance et de capacités de stockage plus modestes, leur rôle étant réduit. Les salles informatiques pourraient rétrécir.À l’inverse, le succès du client léger pourrait être remis en cause, les ressources des PC étant davantage mises à contribution.Au chapitre des protocoles, le P2P ne remettra certes pas IP en cause. Tout au plus pourrait-il doper les besoins en adresses, donc accélérer l’avènement d’IPv6. Mais le système DNS, taillé pour des systèmes connectés en permanence tels que des serveurs web ou de messagerie, se révèle déjà inadapté. En P2P, les ressources sont en effet souvent déconnectées ou hors tension et leurs adresses IP sont allouées à chaque session. Un nouveau système de nommage est donc nécessaire. Il est généralement centralisé sur un serveur sur lequel les ressources se déclarent initialement, puis auquel elles accèdent à chaque session. Ce référentiel permet à chaque n?”ud de localiser les autres et de connaître leur état et leurs propriétés – puissance de calcul ou noms des fichiers hébergés.Que se passe-t-il en l’absence d’un tel système ? Il suffit de regarder l’application Gnutella, qui en est dénuée. “Certains observateurs estiment que l’absence de serveur maître confère à Gnutella le statut de seule application vraiment P2P. En réalité, le rôle du serveur est assumé par l’utilisateur, qui spécifie manuellement l’adresse IP d’autres n?”uds en s’appuyant éventuellement sur un moteur de recherche qui scrute le réseau à leur recherche, ce qui représente un gaspillage d’énergie”, estime Habib Guergachi, directeur de Techmetrix Research.La nécessité d’un nouveau système d’identification des ressources est donc évidente. Un tel système est actuellement spécifique à chaque application P2P. C’est l’un des points que prétend standardiser JXTA de Sun, mais aussi T-Sis de Proksim Software. Ces deux plates-formes spécifient également, entre autres, des mécanismes de communication entre n?”uds, reposant sur XML, mais laissant une certaine latitude au niveau de la couche de transport.Une autre perspective de standardisation a été ouverte par le consortium Peer-to-peer Working Group. Mais rien de concret n’en est encore sorti, tandis que la fronde menace, plusieurs membres contestant la légitimité d’Intel à diriger cette initiative dont il est à l’origine.

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par Thierry Lévy-Abégnoli