“ Le marché de l’emploi dans l’informatique vit une embellie, et tout le monde a le nez dans le guidon, déplore Eddy Gaciot, du Fitec, groupe spécialisé dans la formation informatique et technique, créé en 1989. Peu d’entreprises se soucient de former leurs collaborateurs pour les préparer à demain “. Un tort, incontestablement. Car, d’un côté, la France aurait besoin de 25 000 à 30 000 informaticiens, selon le Syntec-Informatique (chambre syndicale des sociétés de services et d’ingénierie informatique). De l’autre, ils seraient 22 000 à être inscrits à l’ANPE.Devant les évolutions technologiques du secteur, les informaticiens doivent plus que jamais veiller à remettre à jour leurs compétences. À l’image de Cap Gemini Secteur ISM (Information System Management, ou gestion du système d’information). La société a mis en place, dès 1992, un institut de formation interne, afin d’éviter de se trouver confrontée à une situation de reconversion lourde. Plus de 300 professionnels ont d’ores et déjà été formés, par le biais notamment d’un contrat d’adaptation, une formation de quatre mois aux métiers de l’entreprise, réservée aux jeunes diplômés.
Des opérations lourdes et contraignantes
Véronique Merrien, administrateur SAP ?” exemple de logiciel de gestion intégrée ?” au sein du groupe depuis presque deux ans, a suivi un plan de développement des compétences : six mois de formation aux nouvelles technologies (Unix, Oracle, SAP, etc.). Pour cela, Cap Gemini fait appel au groupe Fitec, qui réalise certains de ces cursus (de 4 à 10 promotions de 7 à 16 stagiaires par an, depuis 1994). “Cela m’a permis de réactualiser mes compétences, de découvrir par exemple des environnements nouveaux, comme internet “, s’enthousiasme-t-elle. Et d’ajouter : “Mais au bout de six mois, j’étais contente de revenir sur le terrain“.Pour l’entreprise, les bénéfices de la reconversion sont nombreux. Tout d’abord cela coûte moins cher que d’embaucher. Ce n’est pas tout. “Nous conservons aussi le savoir- faire bien spécifique des anciens, dans le métier de l’exploitation, par exemple, qu’ils peuvent transmettre aux nouvelles recrues, explique Claude Chiabrando, directeur de la formation interne chez Cap Gemini. L’image de l’entreprise en ressort renforcée, précise-t-il, car les collaborateurs se sentent valorisés.“Malgré ces avantages, reconvertir ses collaborateurs n’est pas une mince affaire. “Trop souvent, les entreprises sous-estiment l’importance d’une telle opération, explique Eddy Gaciot. Or, c’est un véritable projet, avec un comité de pilotage et un suivi, qui nécessite l’implication de la DRH et des opérationnels. C’est très contraignant. Par exemple, dans le cas de Cap Gemini, tous les directeurs d’agence ont dû participer aux réunions pendant quatre mois pour rencontrer leurs futurs collaborateurs. Leur présence, en effet, est un gage de réussite de leur intégration dans l’entreprise “.Pas facile non plus de remettre les informaticiens d’une quarantaine d’années sur les bancs de l’école. “Certains craquent parce qu’ils ont du mal à suivre le rythme“, confie Claude Chiabrando. Rien d’étonnant. Capitaliser sur ses ressources humaines, les amener doucement à acquérir de nouvelles compétences pour mieux faire face aux mutations technologiques est un travail de longue haleine. Qui, non seulement s’impose, mais surtout santicipe. À bon entendeur…
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