Une formule empruntée à un consultant dit que “le commerce B-to-C récupère la publicité, le B-to-B le chiffre d’affaires.” Début mars, les constructeurs automobiles Ford, General Motors et Daimler-Chrysler ont tenté de vérifier cette analyse avec la mise en ?”uvre d’un extranet mondial destiné à fédérer leurs fournisseurs respectifs. Les trois géants américains de l’automobile comptent ainsi faire transiter sur leur plate-forme B-to-B la majeure partie de leurs 240 milliards d’euros d’achats annuels cumulés.
Simplifier et activer les échanges
Inspirés par cet exemple, les géants de la grande distribution leur embo”tent le pas. Peu après l’annonce des fabricants automobiles, le distributeur Carrefour et l’américain Sears ont annoncé de concert la création de GlobalNetXchange, une plate-forme d’échange commune à tous les fournisseurs des cha”nistes. Appels d’offres, propositions, communications entre fournisseurs et donneurs d’ordres, l’objectif affiché par l’industrie est clair : “Cet intranet vise à accélérer, améliorer et simplifier les échanges avec nos fournisseurs”, explique Christian d’Oléon, porte-parole de Carrefour. Et, bien sûr, à réaliser des économies : “Le volume des achats de Ford représente 80 milliards d’euros pas an, soit 50 % du chiffre d’affaires. Il implique plusieurs dizaines de milliers de fournisseurs. Toute optimisation, de ce côté-là, est bénéfique”, précise Roland Especel, responsable des relations avec la presse économique chez Ford France. En effet, 70 % de la valeur d’une automobile sont achetés à l’extérieur. Encore difficile à évaluer, l’optimisation du processus d’achat génère de substantielles économies. Et c’est précisément ce que promettent ces plates-formes géantes. “L’expérience menée par la filière chimique avec Chem. connect réduit les délais de traitement des commandes d’une semaine à un jour. Il est facile de voir le gain d’une telle compression des délais pour les fournisseurs et la grande distribution”, justifie Christian d’Oléon.
Réduire encore les marges
Mais les économies ne sont pas les seules motivations : “Les relations avec les fournisseurs ne sont plus à sens unique, reprend Roland Especel. En termes industriels, ils sont de plus en plus impliqués dans la création de sous-ensembles complets. Cela nécessite de nouvelles méthodes de communication. Une communauté Internet est l’outil idéal pour cela.” Le constat est confirmé par Carrefour : “On augmentera de manière significative les échanges avec nos fournisseurs en communiquant mieux et plus vite.”
Du point de vue de ces mêmes fournisseurs, l’utilisation massive d’Internet va également changer les choses. Le réseau mondial leur permettra de présenter les catalogues en ligne à tous les donneurs d’ordres affiliés, de suivre les stocks et les livraisons en direct et surtout de répondre très facilement aux appels d’offres. “Ce procédé ouvre des portes aux fournisseurs, explique Christian d’Oléon, de Carrefour. Auparavant, les distributeurs faisaient des voyages de prospection à travers le monde. Aujourd’hui, une PME référencée chez Carrefour et présente sur GlobalNetXchange peut intéresser également Sears, et même répondre à ses appels d’offres.”Reste que la transparence des prix sur une plate-forme globale risque de conduire à une pression accrue sur les marges. Et on ne sait pas aujourd’hui si les économies réalisées par les fournisseurs les couvriront.La mondialisation des échanges n’apparaît pas seulement inéluctable. Elle peut aussi se montrer séduisante. Ces annonces confirment l’intérêt du web EDI, qui permet d’intégrer les plus petits fournisseurs à des réseaux auxquels ils n’avaient pas accès auparavant. Cependant, il va falloir étudier précisément les modalités de leur acceptation au sein de ces plates-formes, et apprécier les coûts… Car, bien sûr, les sous-traitants devront payer pour être référencés.
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