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Les incubateurs publics en quête de nouveaux financements

France Incubation a présenté un bilan positif de l’activité des incubateurs français. Le financement de ces structures est toutefois incertain au-delà de 2006, si l’État vient à se désengager.

Les incubateurs font du lobbying ! Deux mois après la publication par le ministère de la Recherche d’un rapport mettant en cause plusieurs d’entre eux, ils ont tenu à faire leur propre bilan.France Incubation, une association regroupant la petite trentaine d’incubateurs français, a fait le point sur leur activité. Ainsi, au 31 décembre 2003, ces pépinières ont incubé quelque 977 projets, dont seulement 13 %
auraient été abandonnés en cours de route. Ces projets ont abouti à la création de 520 entreprises innovantes. Le solde ayant été réorienté, ou demeurant encore en phase de gestation.Un bilan globalement positif, qui contraste avec le rapport établi en novembre 2003 par le cabinet Ersnt & Young, à la demande du ministère de la Recherche. Six incubateurs avaient alors été mis sur la sellette, au point qu’ils
étaient susceptibles de ne pas être financés à nouveau par les pouvoirs publics.’ Le rapport a souligné les problèmes structurels qui empêchaient le bon fonctionnement de ces incubateurs. Mais une fois ces problèmes résolus, rien n’empêche leur financement ‘, minimise
Jean-Claude Sabonnadière, président sortant de France Incubation. Au cas par cas, les incubateurs ont revu leur copie. Pour l’un, c’est un directeur incompétent qui a été limogé ; pour l’autre, c’est son emplacement géographique, trop éloigné
des universités, qui sera modifié.Un recadrage qui a finalement convaincu le gouvernement : la semaine dernière, Laurent Buisson, sous-directeur de l’Innovation au ministère de la Recherche, affirmait que l’enveloppe de 25 millions d’euros destinée à assurer
le financement des incubateurs sur trois ans irait bel et bien à l’ensemble des incubateurs.De quoi leur laisser le temps de trouver de nouvelles sources de financement. Car il est désormais clair que le gouvernement cherche à se désengager de ces structures et à en faire supporter le poids aux Régions.

Trouver des financements dans le privé

Aujourd’hui, les incubateurs sont financés pour moitié par l’État et les Régions. Dès 2006, la part supportée par les Régions sera prédominante. Une troisième voie est peut-être à trouver du coté des
industriels
‘, anticipe Jean-Claude Sabonnadière.Un mode de financement déjà remis en cause par certains. ‘ Quand on a assisté aux déboires des incubateurs privés comme Totamak, Republic Alley… on a des doutes sur la pertinence du modèle. L’incubation ne
peut être soutenue par un modèle économique privé où le retour sur investissement doit être très rapide
‘, commente cet ancien patron de société incubée.Enfin, les incubateurs espèrent pouvoir compter sur les sociétés rentables qu’ils ont incubées pour financer leur activité. ‘ L’argent qui est investi dans les projets incubés l’est sous forme d’avance
remboursable. Dans la technopole de Grenoble, par exemple, sur les 35 sociétés créées, la moitié fait du chiffre d’affaires. Au bout de deux ans d’existence, les entreprises sont solvables
‘, commente le président
sortant de France Incubation.Toutefois, ce mode de financement, basé sur la rentabilité des sociétés incubées, est loin d’être pérenne. De nombreuses entreprises innovantes mettent la clé sous la porte, faute de clients ou faute de fonds pour accompagner leur
croissance.On comprend mieux, dès lors, pourquoi le lobbying des incubateurs veut s’assurer du soutien de lÉtat au-delà de 2006.

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Hélène Puel