Comment retenir ses informaticiens quand on appar- tient au secteur public ? ” La prise de conscience est intervenue à la fin de l’année 1998. Nous connaissions une hémorragie à l’approche de l’an 2000 “, explique Jean-Marc Dessalces, adjoint au chef du département des cadres supérieurs à la direction du personnel et des relations sociales des Hôpitaux de Paris de l’Assistance publique (AP-HP). Principal fautif : le salaire. ” Un groupe de travail a été constitué pour corriger le tir. Mais cela demande du temps. “C’est suffisant, néanmoins, pour redonner espoir aux six cents informaticiens de l’AP-HP. Pour l’heure, les règles de gestion ont été modifiées afin de permettre une revalorisation des salaires à l’embauche et pendant la carrière.L’astuce réside dans le contrat de droit public. Celui-ci permet de se caler sur les conditions de rémunération offertes par le secteur privé. Il était temps. Car il ne suffit pas de se moderniser en ouvrant des établissements tel l’hôpital européen Georges-Pompidou pour attirer de nouvelles compétences.
Au siège d’approuver le salaire proposé
Si le premier employeur d’Ile-de-France, avec ses quatre-vingt-six mille salariés, entame seulement son adaptation aux nouvelles exigences du marché de l’emploi, c’est que, jusqu’à présent, les informaticiens étaient pour le moins délaissés.Mal identifiés dans les grilles de rémunération, leurs conditions d’embauche et leurs perspectives de carrière avaient de quoi faire fuir les candidats les plus motivés.” Il m’a déjà fallu plus de huit mois pour recruter quelqu’un, confirme Jean-Marc Dessalces. Les règles de gestion étaient dissuasives : les augmentations de salaire ne pouvaient pas excéder 6 % tous les deux ans. Certaines grilles de rémunération dataient de plus de dix ans. Les webmestres, par exemple, n’y étaient pas représentés. “Une problématique renforcée par la gestion centralisée des hôpitaux. Car c’est au siège que revient l’approbation du salaire proposé par ces derniers. La décision du contrôleur financier, fonctionnaire de l’Etat, prévaut sur toutes les autres.Désormais, un comité de gestion des informaticiens, épaulé par la direction des ressources humaines de l’AP-HP, étudie au cas par cas les dossier introduits par les hôpitaux. L’expérience professionnelle est enfin prise en compte. L’objectif est de s’aligner sur le secteur privé en tenant compte des tendances du marché en termes de demande.
Les trente-cinq heures ne facilitent pas l’affaire
Ainsi, les administrateurs de bases de données et les ingénieurs télécoms, par exemple, sont actuellement favorisés. Mais ces dispositions sont dans l’attente d’un cadre légal plus général. Et les trente-cinq heures, applicables dans le secteur public dès le 1er janvier 2002, ne simplifient pas la situation.De plus, les nouvelles mesures ne concernent, pour le moment, que les seuls contractuels de droit public. Les informaticiens titulaires, recrutés par voie de concours, ne peuvent en bénéficier.Cet état de fait crée des différences de salaires énormes : 144 000 francs nets annuels pour un nouveau titulaire, contre 240 000 francs environ pour son homologue sous contrat.” Les centres hospitaliers régionaux ont aussi des problèmes. Le ministre réfléchit à des filières et à des indices. En attendant, nous continuons d’utiliser la voie des contrats “, conclut Jean-Marc Dessalces.
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