Pour observer la réforme en marche, il faut se rendre dans les centres hospitaliers universitaires, les fameux CHU, que la loi Kouchner de mars 2002 a contraints à mettre en place un dossier médical d’établissement (DME),
permettant de suivre le patient tout au long de son séjour hospitalier. Le DME a constitué un premier pas vers le dossier médical personnel, qui peut se définir comme une sorte de DME ouvert à la consultation par d’autres CHU ou par des
médecins libéraux. Le futur DMP sera donc l’émanation de ces expérimentations en cours. Mais la tâche s’avère loin d’être simple : chaque service est équipé d’outils informatiques spécifiques qu’il faut faire
‘ dialoguer ‘ entre eux. ‘ Une cinquantaine de systèmes différents doivent cohabiter, explique Philippe Rizand, DSI de l’Institut Curie. On a essayé d’informatiser
par processus (consultation, prise en charge particulière…) plutôt que par service. ‘Les premières applications du DMP sont ciblées. Entre les centres hospitaliers de Lannemezan, de Tarbes et de Lourdes, il a été convenu de mettre en place un dossier médical dans le cadre du réseau de soins palliatifs Arcade. En
consultant et en alimentant ce dossier, les personnels soignants du département peuvent mieux accompagner leur patient. ‘ Grâce au réseau Arcade, nous pourrions être candidats à l’expérimentation du DMP, qui devrait
débuter en septembre ‘, déclare Romain Cabaud. Dans tous les autres centres hospitaliers ?” le système de santé français en compte plus de 1000 et 600 cliniques ?”, il faudra d’abord résoudre
la délicate question de l’identification de chaque patient sans la moindre ambiguïté. ‘ Nous avions un avantage, s’exclame Philippe Rizand. Nos patients ont un identifiant unique depuis la
création de l’institut en 1921 ! ‘Les hôpitaux se préparent de même à la tarification à l’activité, ou T2A. La T2A servira à mesurer analytiquement les dépenses et à rémunérer les hôpitaux en conséquence. ‘ Au
1er juillet 2006, nous devrons être prêts à facturer directement l’assurance maladie. On va devoir apprendre à facturer très vite, il en va de notre trésorerie ‘, prévient Romain Cabaud. Les
centres hospitaliers auront l’obligation de piloter leurs activités de façon très fine et d’adopter des outils prospectifs, à l’image des entreprises privées. Pour Philippe Rizand, il y aura une répercussion évidente sur la
qualité de la prise en charge des patients dans les hôpitaux. Il reste plus circonspect quant au retour sur investissement. ‘ Selon le ministère de la Santé, les établissements hospitaliers devraient investir 3 % de leur
budget, contre 1,5 % actuellement ‘, affirme-t-il. Et c’est là une question que l’Etat évite d’aborder.
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