” La demande en transport de données est, depuis plusieurs années, le moteur essentiel de l’augmentation des débits transportés. Avec la banalisation d’Internet, le trafic IP triple chaque année. Cette croissance spectaculaire résulte à la fois de l’augmentation des internautes et d’une évolution des usages : durée de connexion plus longue, envoi de fichiers musicaux ou passage du surf au Streaming.Dans l’entreprise, la croissance de la demande de débits est encore plus rapide : l’utilisation du protocole IP donne naissance à des Intranet de très grande capacité. À titre d’exemple, France Télécom dispose d’un Intranet reliant plus de cent mille de ses collaborateurs. Les entreprises font de plus en plus appel à des liaisons à très hauts débits entre leurs sites principaux. L’opérateur historique a commencé par leur fournir des anneaux optiques dédiés à 155 Mbit/s et leur procure couramment, à présent, des débits de 2,5 Gbit/s. De prochaines expérimentations à 8 fois 2,5 Gbit/s sont même prévues !Pour faire face à ce mouvement, les réseaux doivent s’adapter à ces nouveaux usages et ce n’est pas en distordant l’usage du RTC qu’on y fera face. La façon de satisfaire ces demandes dépend évidemment beaucoup du segment de réseau de l’opérateur en cause. Il faut distinguer le c?”ur de réseau et l’accès. En c?”ur de réseau, la première étape consiste à doper les infrastructures de transmission pour traiter des volumes de plus en plus importants.France Télécom déploie, depuis 1997, des systèmes de multiplexage en longueurs d’onde (WDM), qui permettent de transporter sur une même paire de fibres des débits dépassant 100 Gbit/s. Il est ainsi envisageable d’atteindre rapidement plusieurs centaines de gigabits par seconde. Ces systèmes de très grande capacité autorisent, de plus, d’importantes économies d’échelle (génie civil et ventilation des câbles optiques sur plus d’unités de débit).
Un réseau ATM élargi
Pour les n?”uds de réseau, France Télécom a ainsi déployé, à partir de 1998, un réseau dorsal IP constitué de routeurs de grande capacité maillés par des liens SDH ou optiques. Ce réseau s’étend sur la France entière avec une cinquantaine de points de présence, afin de collecter le trafic IP. La grande capacité de ces n?”uds autorise une diminution très rapide du coût de transport d’une unité de données.Initialement dédié à la fourniture de services de liaisons louées à hauts débits, le réseau ATM a vu son rôle et sa taille croître très fortement avec le déploiement de l’ADSL. Les flux de données, qui sortent des équipements de raccordement des lignes ADSL, sont concentrés et orientés par des brasseurs ATM vers différents réseaux selon les services offerts. Le nombre de sites équipés de brasseurs ATM est passé de 50 à la fin 1999, à 244 à la fin 2001. Par ailleurs, il a fallu faire appel à des systèmes de plus grande capacité : les plus gros brasseurs installés ont la possibilité de traiter des débits cumulés dépassant 50 Gbit/s.Malgré diverses expérimentations dans le segment résidentiel, le raccordement optique ne peut aujourd’hui trouver son application que dans des services de desserte de sites d’entreprises disposant d’un potentiel de plusieurs dizaines de mégabits par seconde de trafic. Plusieurs milliers de sites sont maintenant accessibles via cette infrastructure optique.Des architectures spécifiques, tels les réseaux passifs optiques (PON) fondés sur la mise en commun d’une partie des équipements optiques entre plusieurs sites clients, ont été développées. Elles permettent d’étendre économiquement la gamme d’emploi du raccordement optique vers des sites dont la demande en débit va de quelques mégabits par seconde à des dizaines de mégabits par seconde. France Télécom testera, en 2002, cette technique pour satisfaire la montée en débit de sites raccordés par des liens à 2 Mbit/s.
Investir dans le futur proche pour développer de nouveaux usages
Avec le Gigabit Ethernet ?” qui rend possible le transport, économiquement semble-t-il, d’Ethernet sur fibre optique ?”, ces techniques devraient apparaître dans les réseaux d’accès comme une technologie de réseau à part entière et non plus comme une technologie d’interface. L’opérateur lance des expérimentations dans ce domaine. Si les résultats sont positifs tant sur le plan technique que sur le plan économique, le Gigabit Ethernet pourrait constituer une solution de remplacement de l’ATM dans le réseau d’accès.Dès cette année, France Télécom expérimentera des systèmes de transmission symétriques, dits SDSL sur paires de cuivre, capables de transmettre au moins 2 Mbit/s dans chaque sens en s’appuyant sur les équipements de raccordement déployés pour l’ADSL. Le SDSL permet également d’augmenter les débits de raccordement ou la portée de celui-ci en utilisant plusieurs paires de cuivre pour relier un même client. Au-delà des offres actuelles et pour accompagner les entreprises dans leur inéluctable montée en débit, France Télécom expérimente depuis plusieurs mois un réseau à vraiment très haut débit (VTHD) donnant la possibilité d’interconnecter des sites à plusieurs dizaines de gigabits par seconde. Déployé en 2000, ce réseau expérimental atteint un débit potentiel de 40 Gbit/s.Les hauts débits autorisent à la fois de répondre à des besoins et de développer de nouveaux usages. C’est pourquoi il faut les présenter et les développer auprès de tous les publics. Mais il faut aussi compter avec un engagement plus fort de tous les acteurs afin de créer des services et des applications susceptibles de permettre le décollage de ce marché. “* directeur exécutif de la branche Réseaux de France Télécom
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