Longtemps confinées entre cornues et tubes à essai, les sciences de la vie flirtent de plus en plus avec les technologies de l’information. Les biologistes l’ont vite compris : la puissance de calcul de l’ordinateur, sa capacité de stockage, les outils d’aide de gestion des bases de données, se révèlent comme autant de serviteurs zélés susceptibles de leur fournir une aide précieuse. Du coup, ils en redemandent. Et la plupart des acteurs du marché sont sur le coup : d’IBM à Compaq, en passant par Sun Microsystems, Hewlett-Packard (HP), Silicon Graphics, Oracle ou le numéro 1 mondial du stockage, EMC. Pour certains, le secteur est carrément prioritaire : la division Life Sciences d’IBM ne dépend pas du pôle santé du groupe mais rapporte directement à John Thompson, vice-président du groupe. Pour Anne-Marie Derouault, directeur de l’activité développement et marketing de la division chez “Big Blue”, le constat est simple : “Les biotechnologies ne pourront pas progresser sans la puissance des logiciels et de l’informatique. Or, ce secteur est devenu le plus gourmand en puissance.”Pour sa part, Compaq, qui revendique la place de premier fournisseur mondial d’équipements dédiés à la biotechnologie, dispose il est vrai d’un héritage hors du commun. En rachetant Digital en 1998, Compaq a trouvé dans la corbeille de mariage les compétences d’un groupe déjà largement présent dans le domaine scientifique ?” recherche pure, physique des hautes énergies, applications militaire, nucléaire, etc. ?” et plus particulièrement dans celui de la simulation. “En 1995, les premières machines, des Vax, ont été livrées au centre de génétique moléculaire qui dépendait du CNRS. Deux à trois ans plus tard, les premières commandes arrivaient du Génoscope”, se souvient Philippe Devins, attaché à la direction générale des ventes de Compaq en France. Aujourd’hui, les besoins exprimés par les sociétés de biotechnologies paraissent illimités. “Il n’est pas rare que nos clients nous demandent de doubler la puissance de calcul de 300 à 600 processeurs ou la capacité de stockage d’un mois sur l’autre”, note pour sa part Dominique Gillot, Life Sciences Manager rattaché à la direction européenne du constructeur informatique.
Giga, téra, péta, etc.
Et il suffit d’aborder les aspects liés au stockage pour que chiffres et valeurs s’envolent. Oubliés les gigaoctets. L’unité de base, aujourd’hui, c’est le téraoctet (1 milliard de milliard d’octets) ou le pétaoctet (1 000 teraoctets). Ordre d’idée : un téraoctet représente environ 500 millions de pages écrites au format A4, soit une pile de papier haute comme cinq fois l’Everest… La quantité d’informations générée par le secteur double tous les 6 à 9 mois, voire tous les cinq mois pour certaines entreprises. “L’un de nos clients, une société de biotechnologie, génère quotidiennement sept téraoctets d’informations”, lance Roberta Katz, Group Marketing Manager de la division sciences de la vie d’EMC. Le cabinet de recherche IDC estime que le marché des biotechnologies va progresser de 22 % d’ici à 2005, représentant alors un chiffre d’affaires de 24 milliards de dollars (27,37 milliards d’euros). “Dans ce marché, le stockage de l’information représentera 8,5 milliards de dollars, contre 2 en 2001. Inutile de dire qu’il s’agit là dun enjeu énorme pour nous”, conclut Roberta Katz.
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