Sites d’information et d’actualité
Fournir de l’information, qui draine de l’audience, qui, elle-même, génère des recettes publicitaires et des achats de produits : ce schéma n’a pas encore produit de best-seller sur le Net. Seuls les quotidiens traditionnels ?” le Wall Street Journal aux États-Unis ou Les Echos en France ?” disposent des moyens de couvrir l’actualité et de proposer des sites riches.
L’échec de thestreet.com, un site financier qui avait essayé de faire payer son (excellent) contenu via des abonnements, a marqué les esprits. Aux États-Unis, deux sites sont rentables, indique le magazine The Standard : ouvrent des boutiques pour inspirer confiance à leurs clients, et les agences ouvrent des sites pour leur faciliter la vie.
L’avenir ? Les agences capables d’utiliser la puissance de l’internet pour permettre au client de ” designer ” son voyage sur mesure (comme cherche à mettre le grapin sur la start-up française. Question : saura-t-il, pour maintenir sa croissance, réussir au-delà de son activité d’origine, l’échange de babioles ? eBay a commencé à vendre des voitures d’occasion. Un autre business.
Fournisseurs d’accès internet (FAI)
Ceux qui font la course en tête (Tiscali, Wanadoo, etc.) font le plein d’abonnés et de millions de pages vues en rachetant aux autres des abonnés et des pages vues. Mais cette course à l’audience qui ne rapporte rien se termine.
“Les fournisseurs d’accès gratuit ?” un modèle européen qui était censé compenser le fait que les communications téléphoniques sont payantes ?” auront disparu avant la fin de l’année”, estime Peter Bradshaw, un analyste de Merrill Lynch à Londres.
L’enjeu pour les survivants : devenir autre chose que des guichets d’entrée sur le Net. L’arrivée de l’internet rapide va les aider : il sera plus facile, quand les tuyaux seront plus larges, de proposer des services intéressants et payants. Mais quoi ? Pour l’instant, le seul qui ait réussi à fidéliser l’internaute en offrant, au-delà de sa porte d’entrée, du contenu intéressant, c’est AOL.
Deuxième problème : à près de 400 francs par mois la liaison haut débit (Noos), combien d’internautes accepteront encore de payer ?
Commerce électronique
Les morts, là, sont légion (etoys, garden.com, boo.com, etc.). Les leçons ? Un : “On n’a pas besoin de l’internet pour vendre du vin ou de la viande, estime le capital-risqueur Bernard Maître. Cela marche très bien dans le monde réel. “
Deux : le ” last mile ” (le dernier kilomètre à parcourir jusqu’à l’acheteur) coûte cher sauf pour les produits immatériels, type logiciel. Trois : Il n’y a pas de place sur le web pour une marque qui démarre de rien, surtout si elle veut vendre un produit que les consommateurs aiment toucher pour se rassurer.
Aux États-Unis, selon le cabinet de consulting JD Power, 50 % des candidats à l’achat d’une voiture vont s’informer sur le Net, mais les ventes en ligne ne représentent que 4,7 % du marché à la fin de 2000. Ceux qui ont une chance de gagner la bataille de l’e-commerce ? Les marques mondiales multiproduits, comme Amazon, et les sites monoproduits qui s’appuient sur un réseau de boutiques et une expérience de la VPC classique, comme le fleuriste Aquarelle.
Sites d’achat groupé
C’est le plus célèbre cimetière de l’e-business. En France ( Koobuy.com, Clust.com…) comme aux États-Unis (Mercata, Accompany). Le modèle paraissait adapté à l’internet : on rassemble des internautes sur un site et on obtient, de ce fait, auprès de fournisseurs, des réductions pour l’achat de produits. Dommage, il ne fonctionne pas.
La grande distribution propose, en réalité, le même service, facilement accessible. Et il n’y a pas encore assez d’internautes pour créer des groupes de taille suffisante. “Le marché sera mature dans cinq ans“, pense Luc Lechelle, capital-risqueur (Dassault Développement).
Services financiers en ligne
La finance fait partie de ces secteurs où les marges des intermédiaires (banquiers, courtiers, assureurs…) sont élevées, sans que la valeur ajoutée le justifie toujours. L’internet a donc suscité de nombreuses vocations.
Mais des quatre catégories de services qui existent en ligne ?” le courtage, la banque classique, les prêts, et l’assurance ?”, seule la première compte quelques grands succès de nouveaux venus (Self Trade, ConSors, Fimatex…) et est largement utilisée par les internautes : 25 % contre moins de 1 % pour les trois autres, selon Adrian Slywotzky, directeur général de Mercer. Un problème de confiance qui mettra des années à disparaître.
Dans ce secteur, comme dans le tourisme, les opérateurs 100 % virtuels sont condamnés à ouvrir des points de vente pour rassurer le grand public, qui hésite à confier son argent à un PC. En revanche, les banques traditionnelles, qui ont du mal à démarrer sur le Net (un réseau concurrent de leurs agences), possèdent l’atout confiance et pourraient rattraper leur retard. Bon courage à ZeBank, la toute nouvelle e-banque française.
Portails
Yahoo!, vainqueur toutes catégories, c’est entendu. Mais maintenant qu’il a conquis un internaute sur deux dans le monde, il se retrouve en concurrence avec les sites des grands médias traditionnels (type e-TF1). Et là, difficulté : il ne possède pas de contenu (puisque le sien provient d’accords avec des partenaires) et pourrait être amené à se ” marier ” avec un grand de la communication (Disney ?).
Moins bien lotis que les grands portails horizontaux type Yahoo!, les portails verticaux (spécialisés dans un seul domaine) : selon Pegasus Research, une société d’études, ces derniers jouissent toujours d’une audience plus faible que la partie du portail horizontal spécialisée sur le même centre d’intérêt.
Places de marché
Elles devaient offrir aux entreprises un lieu, sur le web, où elles pourraient, plus efficacement qu’avec les moyens traditionnels (fax, téléphone), sélectionner des fournisseurs, effectuer des appels d’offres, etc.
Aux États-Unis, les sites de première génération ( verticalNet.com, ventro.com, etc.) se sont effondrés. En France, aucune start-up n’a réussi à atteindre la masse critique : à savoir rassembler un nombre de fournisseurs important pour que les clients affluent. Bref, à agréger à la fois l’offre et la demande. Trop lourde tâche…
“La place de marché n’est pas un business adapté aux start-up, estime Bernard Maître, capital- risqueur de Galileo Partners. Il est illusoire de vouloir prendre une place entre Michelin et Renault. ” L’avenir ? Il est aux sites gérés par les majors de leur secteur, les start-up se contentant d’occuper des niches.
Ainsi, Danone a créé pour ses achats de plastique une place de marché avec son concurrent Nestlé, mais achète pour 10 millions de francs par an de “gommes et de crayons” à une marketplace indépendante. Derniers modèles d’avenir, pour Olivier Duval, consultant chez Mercer : les places de marché transformées en “échangeurs d’actifs” (elles créent les réseaux et les outils permettant aux fournisseurs d’échanger des commandes) ou en “prestataires de solutions” (elles proposent, outre les produits, des informations et des services).
Sites d’emploi
Près de 500 sites (Emailjob, Monster,etc.) essaient de prendre une part du gâteau occupé jusqu’alors par la presse (qui met ses annonces en ligne avec cadresonline.com et cadremploi.fr). Qui finira la course en tête ? Les barrières à l’entrée (technique, commerciale) étant faibles, la palme ira à celui qui saura imposer sa marque. Autrement dit, celui que les investisseurs soutiendront le plus longtemps.
Supermarchés on-line
Libérer le consommateur de la corvée des courses du samedi à Auchan ! S’il y avait bien un domaine où l’internet allait pouvoir apporter de la valeur ajoutée, c’était bien celui du supermarché en ligne. Bilan ? Aucune start-up n’a tenu le choc.
Le grand modèle américain, webvan.com, qui voulait à partir d’un seul entrepôt livrer l’Amérique, est en péril (l’action ne vaut plus un dollar…). En France, ceux qui sortent du lot sont des filiales des grands distributeurs traditionnels, notamment Ooshop (Carrefour) et Telemarket (Galeries Lafayette). Le problème : ils restent limités au seul marché pour l’instant lucratif, l’Ile-de-France. Ceux qui en sont sortis n’ont pas pu rentabiliser leurs investissements.
Sites de communautés
Les grands perdants ? Les entreprises qui ont voulu fédérer des centaines de petites communautés et vendre ces audiences qualifiées aux annonceurs et aux e-commerçants. Exemple ? MultiMania, qui a été racheté par un grand portail (Lycos), comme l’ont été précédemment tous ses semblables ( chez.com par LibertySurf et Geocities par Yahoo!).
“Mais les sites communautaires ont un avenir, pense François Blum, directeur général internet et nouveaux médias de Médiamétrie ; aux États-Unis, gay.com ou blackplanet.com n’ont pas des audiences gigantesques, mais ces sites ont un atout qui compte dans l’internet de demain : la ” stickiness ” ; les internautes y restent ” collés ” (” sticked “) nettement plus longtemps que sur des sites généralistes .” Reste, problème, à convertir en argent la ” stickiness ” des aficionados de la pêche en rivière ou du tarot. Personne na encore trouvé le truc.