L’apparition de réseaux paneuropéens suscite de nouvelles vocations : hébergeur de matériels de télécommunications et de fournisseurs de services Internet. Salles de colocalisation (ou cybercentres) occupent désormais plusieurs milliers de mètres carrés dans les villes étapes des réseaux européens : Paris, Francfort, Amsterdam, Londres… Ces hôtels mettent en relation les opérateurs, les FAI, les grands fournisseurs de contenus pour faciliter les échanges de trafic. “Il faut de plus en plus de machines, commutateurs, serveurs et routeurs pour écouler les données et donc de surface pour les accueillir”, explique Fabrice Coquio, directeur général pour la France de la société d’hébergement Interxion.
20 000 francs le mètre carré
Même si le mètre carré de ces sal- les se monnaye, en moyenne, à 20 000 F ht/an (3 049 ?), on se les arrache. “Notre salle de 3 000 m2 située à Aubervilliers est quasiment pleine “, précise Fabrice Coquio.
Les ouvertures annoncées de salles d’hébergement sur le territoire européen et autour de Paris, se sont multipliées ces derniers mois : KPN- Qwest s’est associé à IBM pour la construction de dix-huit cybercentres, IXEurope annonce un centre de 10 000 m2 près de Roissy, Level 3, après son centre de 3 500 m2 à Nanterre, réfléchit à un nouveau centre près de Paris. Tout est fait pour attirer le client à la recherche de ressources Internet. “Nous achetons des serveurs ultrapuissants, des machines de stockage très évoluées. Aucun de nos clients ne pourrait se permettre ces investissements individuellement. Nos clients payent seulement pour la ressource utilisée”, explique Michael Winterson, vice-président marketing de IXEurope. Interxion ou IXEurope font partie des sociétés spécialisées qui concurrencent les opérateurs pour l’hébergement. Ils font de leur neutralité leur premier argument commercial. “Contrairement aux opérateurs, on ne peut nous soupçonner de vendre des mètres carrés pour mieux vendre notre bande passante. Six à sept opérateurs se rattacheront à notre centre et offriront des services internationaux et nationaux à nos clients hébergés”, indique Jean-Jacques Cayon, directeur général France d’IXEurope.
Malgré la multiplication des annonces, les prestataires ne craignent pas la saturation du marché. “Si l’ensemble des entreprises externalisent leurs systèmes informatiques, il faudra de la place “, indique l’un d’entre eux. La plupart soulignent que leur carnet de commandes se remplit vite et que nombre de demandes ne peuvent être satisfaites. Level 3 rappelle qu’il s’agit déjà d’un mouvement de fond aux État-Unis, où il a installé une trentaine de centres. “Au total, Level 3 dispose de 300 000 m2 actifs d’hébergement et notre ambition et de doubler cette surface d’ici à 16 mois”, indique Marc Olivier directeur du marketing de Level 3 pour la France.
Les interrogations concernent essentiellement la distribution de l’espace parmi les clients : quel espace dédié à la colocalisation, aux spécialistes du Web hosting et fournisseurs de contenus, aux FAH ? Par ailleurs, certains, à l’image de KPNQwest, s’intéressent aux applications des clients. “Vendre des mètres carrés ne suffit plus”, assène Guy Link, directeur du marketing de KPN pour la France. L’opérateur espère se diversifier jusqu’à la fourniture d’applications en ligne comme le préfigure son accord avec l’éditeur de logiciels de groupware OpenText.
Ce mouvement finira donc par atteindre les entreprises. Laurent Zenou, consultant pour le cabinet Analysys. se dit même convaincu que ces prestataires assureront de bout en bout la gestion des communications des postes des utilisateurs.La construction à grande échelle de ces immenses salles d’hébergement préfigure le métier de fournisseur d’applications hébergées. Si aujourd’hui, il s’agit d’héberger les équipements d’opérateurs, la descente vers les entreprises, voire les postes des utilisateurs est certaine. Reste à savoir dans quels délais.
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