A l’été 2016, Facebook a empêché des internautes basés aux Etats-Unis et en Angleterre de partager du contenu dénonçant la répression d’indépendantistes au Cachemire. Le motif ? Ils contrevenaient aux règles d’utilisations du réseau social. L’entreprise de Mark Zuckerberg s’est-elle trompée ou a-t-elle volontairement opéré une censure pour plaire à l’Inde où elle rencontre des difficultés pour imposer son service internet gratuit FreeBasics ? Impossible de répondre avec certitude à cette question. Mais cette situation est loin d’être isolée et suscite l’inquiétude de l’organisation de défense de Reporters sans Frontières qui documente plusieurs cas similaires dans son nouveau Classement mondial de la liberté de la presse.
« Cette collaboration des réseaux sociaux avec les régimes autoritaires n’est pas toujours volontaire, mais une chose est sûre : après avoir longtemps porté principalement la voix des citoyens, les géants du web agissent désormais de plus en plus en faveur des prédateurs de l’information », souligne l’organisation. Il existe différents cas de figure allant de la collaboration active aux erreurs de modération.
Les services de cloud sous contrôle chinois
Commençons par le plus scandaleux. Instagram a ainsi accepté de retirer des photos prouvant que le vice-Premier ministre russe était corrompu. Mais YouTube n’a pas obtempéré, alors que l’opposant à Poutine Alexeï Navalny les avait reprises dans une vidéo. Le site de Google n’est toutefois pas toujours irréprochable. Il y a quelques semaines, il n’était plus possible de lancer une requête depuis la Russie sur Alexeï Navalny ou le média indépendant Novaïa Gazeta. Google a depuis corrigé le tir sans donner d’explications.
Citons aussi Apple qui a accepté de faire passer l’exploitation de l’iCloud chinois sous le contrôle de l’Etat. Comme Microsoft, Amazon ou IBM avant lui. A la suite de cette décision, RSF a dû demander aux journalistes et blogueurs de fermer leur compte en urgence pour protéger leurs données.
Faux profils et compagne de dénonciation
Les Etats répressifs savent aussi tirer avantage des plateformes des géants du web en utilisant simplement les outils mis à disposition de tous. Il s’agit, par exemple, d’usurper des identités pour discréditer des activistes et faire supprimer leur compte ou bloquer leurs contenus. Une mésaventure qui a frappé sur Twitter la journaliste de Reuters basée au Caire Amina Ismail. Parfois, il suffit juste d’organiser une campagne de délation orchestrée par une armée de trolls pour faire suspendre le compte d’un journaliste. C’est ce qui est arrivé sur Facebook à Atanas Tchobanov, le rédacteur en chef du site bulgare Bivol.
« Les plateformes doivent faire preuve de plus de transparence, y compris sur les demandes de censure des régimes », résume Elodie Vialle, responsable du bureau journalisme et technologie de RSF. Espérons donc que ces cas soient évoqués à l’avenir dans les rapports de transparence de ces géants du web.
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