« Un appel à l’action pour un Internet plus humain ». Par ces mots, le président français a lancé, mercredi 15 mai, l’« appel de Christchurch », une déclaration pour lutter contre le terrorisme et l’extrémisme violent en ligne, aux côtés de Jacinda Ardern, la première ministre néo-zélandaise.
« Un retrait immédiat et permanent »
L’objectif est d’éviter qu’un « drame comme celui de Christchurch ne se reproduise », a-t-elle déclaré. Deux mois auparavant, les images du massacre de 51 musulmans en Nouvelle-Zélande, diffusées en direct sur Facebook Live pendant 17 minutes ont été publiées par le tueur, un suprémaciste australien. Copiée et partagée, la vidéo a été vue 4000 fois avant que toute trace soit supprimée par le réseau communautaire.
Thank you for being here @JacindaArdern, @KingAbdullahII, @Macky_Sall, @Pak_JK, @erna_solberg, @JustinTrudeau, @theresa_may, @LeoVaradkar, and @JunckerEU, for an unprecedented joint initiative: the #ChristchurchCall to eliminate terrorist and violent extremist content online. pic.twitter.com/NLqIeWmG4V
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) May 15, 2019
Vingt-six pays et entreprises numériques ont rallié la dynamique initiée par la Paris et Wellington. États et fournisseurs de services en ligne ont signé cette feuille de route, dans laquelle ils s’engagent pour retirer tout contenu en ligne « terroriste et extrémiste violent » de manière « immédiate et permanente ». L’alliance entre public et privé contre le terrorisme et l’extrémisme en ligne constitue le caractère inédit du texte.
Une vingtaine d’États signataires
Le texte de 3 pages [PDF] a été approuvé par une vingtaine de chefs d’État et de gouvernement, comme le roi Abdallah de Jordanie, le président sénégalais Macky Sall, la Britannique Theresa May. Les premiers ministres canadien Justin Trudeau, norvégien Erna Solberg ou irlandais Leo Varadkar, ainsi que le vice-président indonésien, Jusuf Kalla, étaient également présents.
En revanche, Washington n’a pas signé la feuille de route au nom de la liberté d’expression, consacrée par le premier amendement de la constitution américaine.
« Bien que les États-Unis ne soient pas actuellement dans une position de se joindre à l’adhésion, nous continuons de soutenir les objectifs généraux représentés » par « l’appel de Christchurch », a indiqué la Maison Blanche.
Absents également remarqués : les grands réseaux sociaux chinois comme Wechat. Bien que Jack Ma, l’emblématique milliardaire chinois ait dîné avec Emmanuel Macron, le soir même.
Les géants du numérique s’engagent
De leur côté, les géants américains du numérique ont, eux, répondu à l’appel. Amazon, Facebook, Google, Twitter et Microsoft se sont engagés à favoriser les signalements et la détection de ces contenus, d’encadrer les directs, de travailler collectivement sur un protocole d’urgence commun, mais aussi de développer des mesures d’éducation à l’attention des utilisateurs.
Laurent Solly, PDG de Facebook France a ainsi expliqué sur Franceinfo, mercredi 15 mai, que si le mécanisme de restriction d’accès au live streaming avait été mis en place plus tôt, le terroriste n’aurait pas pu diffuser en direct le massacre.
Mais, la tâche s’annonce rude. Bien que les plates-formes ne soient pas réticentes sur le principe, la mise en application de la suppression de contenus a priori est extrêmement complexe et technique.
De concert, Emmanuel Macron et Jacinda Arvern ont précisé que cette déclaration devrait être suivie d’une réunion courant juin des responsables techniques des grands groupes à Aqaba, en Jordanie, avant une nouvelle rencontre lors du G7 de Biarritz, cet été. Dernière rencontre de la série : en septembre, à New York, pour faire un bilan concret avec l’ensemble des acteurs impliqués.
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