Dans un marché de l’emploi tendu, il faut savoir garder ses informaticiens. Il faut également connaître et intégrer les opérationnels qui participent aux projets.
Connaître ses équipes projet, qu’elles soient opérationnelles ou techniques, est une nécessité pour tout cadre. Et, a fortiori, de tout cadre informatique. De plus, il s’agit tout aussi bien de savoir négocier un budget avec sa direction générale que de bâtir des équipes ou de jouer les mentors. Ici sont mises en évidence les capacités relationnelles, de management ou de communication, avec des différences selon les responsabilités informatiques.
Choisir, former et intéresser ses informaticiens Ainsi, la plupart des DSI ont pour rôle de “huiler” une machine à produire du logiciel, machine composée d’informaticiens qu’il va falloir choisir, faire évoluer et retenir. On a là en résumé le problème posé à Guillaume Rabier, de VediorBis, qui est allé jusqu’à organiser un système de formation assuré par les experts internes.En s’approchant de rôles plus stratégiques, la balance des relations humaines penche davantage vers la direction générale et vers les collaborateurs proches. Pour Luc Jarny, de Natexis Banques Populaires, le défi consiste alors à ne pas perdre pied et à garder le contact avec les réalités du terrain.
Guillaume Rabier (VediorBis): ” Je forme des groupes de travail hétérogènes “ En dix ans, l’effectif de la direction informatique de VediorBis a plus que quintuplé, passant de vingt-neuf informaticiens à cent soixante. ” En dépit de ce changement de taille, nous tentons de conserver le sentiment quasi familial qui régnait aux débuts, avance Guillaume Rabier, DSI. Nous avons profité du déménagement du siège pour créer un espace de rencontre informel. Baptisé la “tisanerie”, il ressemble à un café sur une place de village. On y parle aussi bien travail que loisirs. “
Avec un turnover de 12 % et un recrutement annuel de quinze à vingt-cinq personnes (surtout des chefs de projet, des responsables d’application et des développeurs), l’entreprise de travail temporaire joue la carte de la promotion interne. ” Sept directeurs des études sur les dix sont issus de nos rangs. “ Même si la moyenne d’âge est basse ?” trente ans ?” , beaucoup d’informaticiens ont entre cinq et dix ans de maison. ” Pour que cette force ne devienne pas une faiblesse, nous introduisons des profils radicalement différents pour constituer des groupes de travail hétérogènes. “
Guillaume Rabier s’investit également dans le transfert de compétences en interne. Un noyau dur d’une dizaine d’informaticiens formés aux nouvelles technologies compose une équipe baptisée ” outils et méthodes “ . Cette structure fait du support à destination des autres techniciens par le biais, notamment, d’un forum sur l’intranet. Elle met également en place les bases méthodologiques ?” passage programmé de Merise à UML ?” et anime un atelier de développement. Pour dynamiser ses équipes, Guillaume Rabier lance régulièrement deux mots d’ordre : le sens du service aux utilisateurs et le sens de la responsabilité. ” Nous sommes dans une entreprise à forte réactivité. Il ne s’agit pas de laisser l’utilisateur au milieu du gué en cas de problème. “ Le deuxième point consiste à désigner un responsable pour chaque processus. Mais hors de question d’imposer une personne qui ne le souhaite pas : la nomination se fait sur la base du dialogue.
Son parcours
Luc Jarny (Natexis Banques Populaires): ” L’écueil est de perdre le contact avec la réalité “ Face à la montée en charge de ses responsabilités, le rôle de DSI de Luc Jarny a dû foncièrement évoluer. Tout d’abord, ses équipes informatiques de la caisse centrale des Banques Populaires ont connu ces dernières années une forte croissance interne. Elles ont ensuite fusionné avec les équipes de Natexis. Luc Jarny chapeaute aujourd’hui plus de neuf cents personnes. Cela ne s’arrête pas là. Président du conseil de surveillance d’Altaïr, il dirige désormais aussi l’entité logistique ?”” Il existe un lien fort entre tous les services qui permettent au collaborateur de travailler : courrier, intranet, système d’information, téléphonie, locaux…” ?” et fait partie du comité de direction générale de Natexis Banques Populaires.
” Je ne suis plus vraiment DSI. Ma fonction a changé “ , admet-il. A changement d’échelle, changement de rôle : ” Il arrive un moment où un emploi du temps chargé vous oblige à déléguer. “ Cette prise de distance forcée avec la dimension opérationnelle n’a pas coulé de source. Même si la pression des événements l’y a bien aidé. Le DSI de Natexis Banques Populaires explique qu’il ” a fallu faire le deuil de plusieurs choses, comme celui de la connaissance fine des équipes ou du suivi de tous les dossiers “ . Une étape plus difficile à franchir que les précédentes. Luc Jarny se concentre aujourd’hui sur certains projets ” transversaux et qui peuvent avoir un caractère politique pour le groupe “ ?” le portail internet, par exemple.
Côté recrutement, le DSI de Natexis-Banques Populaires se limite désormais aux seuls managers. Au jour le jour, Luc Jarny reconnaît être aujourd’hui plutôt en contact avec ses homologues de la banque fédérale ou des banques régionales qu’avec les managers. ” Je ne suis pas le patron d’une entité isolée. Une grande partie de mon temps consiste à bâtir des relations avec mes homologues. Mon rôle est d’accorder l’informatique de Natexis Banques Populaires avec l’ensemble du groupe. “ Conscient du danger à trop s’éloigner de ses troupes, il travaille à conserver le contact. Cela demande vigilance et organisation : ” Je m’oblige à rencontrer les équipes. Je reste à l’écoute des collaborateurs directs. L’écueil est de perdre le contact avec la réalité des problèmes. “
Son parcours
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp .