Le 23 mars 2002, Anne Blondel et Olivier Pichon ont été les premiers à se marier électroniquement, devant André Santini, maire d’Issy-les-Moulineaux. Menée par Omnikles, la procédure utilise les technologies internet existantes : site dédié, clé USB, signature électronique, formulaire sécurisé SSL, etc. L’acte, symbolique autant que le vote électronique, a montré qu’aucune formalité administrative n’échappait aux nouvelles technologies, et donc que l’administration électronique ou “e-gouvernement” était une réalité.Les ténors de l’informatique l’ont bien compris : IBM, Bull, HP ou EMC côté constructeurs ; Microsoft, Novell, Peoplesoft ou Ilog, côté éditeurs ; France Télécom et Cegetel chez les opérateurs ; Cap Gemini Ernst & Young, Unisys ou EDS dans les services. Utilisant la méthode Coué, ils visent ce marché et, une fois les élections législatives passées, ce sera la ruée. A charge pour le nouveau gouvernement et les députés qui sortiront des urnes le 16 juin, de poursuivre la mise en ?”uvre de l’administration numérique le plus vite possible.
Un marché alléchant difficile à capter
De l’avis général, la France est en retard. Pourtant, sa dépense publique dans les technologies de l’information atteignait déjà 171 euros par habitant en 2001, soit 10 milliards d’euros. Un marché alléchant ?” mais bien plus difficile à capter que certains le croient. Tout différencie l’Administration centrale ?” très parisienne ?”, les collectivités locales ?” très décentralisées ?” et le secteur hospitalier ?” très indépendant. La première (ministères, grands établissements publics) est le plus gros morceau. Elle cristallise la plupart des envies. Mais chaque administration a ses règles, privilégiant les grands projets ou les grands acteurs. Les négociations sont serrées et les contrats incluent une obligation de résultat. Les budgets confortables tournent au cauchemar pour ceux qui ont mal mesuré les spécificités. Les difficultés de l’informatisation de la Bibliothèque nationale, de la Direction générale des impôts ou du ministère de la Justice en témoignent. Côté collectivités territoriales, la décentralisation incite les élus locaux à prendre des fournisseurs présents localement. Les rares “majors” à s’y maintenir sont présentes via des filiales ou des partenaires : Bull (avec Sinorg), IBM (avec Sedit-Marianne), Microsoft (avec Magnus), etc. Les indépendants sont incontournables : GFI, Civitas ou Ciril ont pris le temps de gagner la confiance des élus. Quant au secteur hospitalier très limité, morcelé et soumis à de fortes pressions budgétaires, il réagit selon les règles du privé. L’offre existe, c’est un fait. Et la demande des citoyens internautes est tangible. Seule incertitude : l’administration à la française pourra-t-elle franchir le cap de cette restructuration des services ? Sans grève, ni blocage social ?
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