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Les fournisseurs d’accès à l’Internet grand public mettent le cap sur la Bourse

Deutsche Telekom, Telecom Italia et UPC ont annoncé la cotation en Bourse de leurs filiales Internet au cours du second semestre. Cette tendance devrait se généraliser et concerner rapidement l’ensemble des opérateurs. La conquête du marché européen de l’accès à Internet grand public passe désormais par la Bourse.

Deutsche Telekom a confirmé son intention d’introduire une partie du capital de sa filiale T-Online en Bourse. Avec 4,2 millions d’abonnés à son service d’accès à Internet, le plus important d’Europe, T-Online pourrait, selon les analystes financiers, être valorisée à 17 milliards d’euros. L’introduction de 10 à 15 % du capital de la filiale permettrait à l’opérateur de lever 1,7 milliard d’euros. Deutsche Telekom espère, par cette opération, donner les moyens à T-Online de s’exporter au-delà des frontières allemandes et de développer sa propre politique de croissance extérieure. Le fournisseur d’accès à Internet (FAI) allemand a d’ores et déjà débarqué sur le marché autrichien, par le biais d’un joint-venture avec Max.Mobil dont il détient 51 %.
Du côté transalpin, Telecom Italia adopte une démarche identique. L’opérateur a décidé d’introduire ses activités Internet sur les marchés. Tin.it, sa filiale FAI, pourrait ouvrir son capital en Bourse dès le mois de juin 2000. Grâce à ses 2,4 millions d’abonnés, pour partie gagnés depuis le lancement de son offre d’accès gratuit, Clubnet, (1,3 million d’abonnés), la valorisation de Tin.it pourrait se situer entre 10 et 15 milliards d’euros.



30 milliards d’euros pour T-Online ?



Les FAI allemand et italien rejoindront ainsi en Bourse leurs concurrents européens : l’anglais FreeServe (1,7 million d’utilisateurs actifs), l’espagnol Terra Networks (1,15 million d’abonnés et 370 millions de pages vues par mois) ?” dépendant de l’opérateur Telefonica ?”, l’italien Tiscalinet (800 000 abonnés) ?” dépendant de Tiscali ?” et l’allemand FreeNet.de (700 000 abonnés). Cependant, au vu de la progression du cours (+ 600 %) et de la valorisation de Terra Networks (24 milliards d’euros), introduit en novembre 1999, certains analystes estiment que la valorisation de T-Online pourrait rapidement atteindre 30 milliards d’euros.
D’autant que le fournisseur d’accès à Internet allemand peut se prévaloir d’avoir atteint, pour l’exercice 1999, un résultat à l’équilibre, avec un chiffre d’affaires de 460 millions d’euros.



Près de dix FAI attendus en Bourse au premier semestre 2000



Les FAI allemand et italien, qui comptent les plus larges bases d’abonnés en Europe aux côtés de AOL (2,8 millions d’abonnés sur le Vieux Continent), ne sont pas les seuls à vouloir profiter de la manne qu’apportent ces valorisations. De nombreux fournisseurs d’accès à Internet de second ordre adoptent une stratégie identique en vue de se faire, eux aussi, une place au soleil sur le marché européen.
En France, LibertySurf (610 000 comptes ouverts et 570 000 comptes pour X-Stream dans lequel il a des participations) et Europe Explorer (900 000 utilisateurs) ont annoncé leur prochaine introduction en Bourse. World Online Europe (plus d’un million d’abonnés actifs et 30 000 comptes professionnels) ouvrira également son capital aux marchés à partir de mars 2000. Le fournisseur d’accès haut débit de UPC, Chello Broadband (120 000 abonnés), a également annoncé une introduction de 10 à 15 % de son capital avant la fin mars 2000.
Outre les rumeurs d’une introduction d’AOL Europe, le premier semestre 2000 pourrait également voir celle du hollandais Zon (300 000 abonnés), de l’opérateur Versatel, le FAI suisse Blue Window, de SwissCom, ou encore de la filiale ISP espagnole Arrakis, de BT.



Vers une concentration du marché des FAI



Ce qui motive ces opérateurs à introduire une partie de leur capital sur les marchés boursiers, c’est bien sûr la possibilité d’investir dans les infrastructures, la distribution et le marketing, et l’enrichissement de leurs contenus. Ainsi, FreeServe s’est récemment montré intéressé par la reprise de l’éditeur britannique Dorling Kindersley. De son côté, LibertySurf compte construire, à Paris, une nouvelle plate-forme de services de 50 millions de francs et multiplier par deux son budget marketing.
L’introduction en Bourse, permettra, par ailleurs, à ces FAI de prendre des participations dans d’autres fourmisseurs d’accès européens, ou dans des services Internet, par échange d’actions. Après son explosion en 1999, avec l’accès à Internet gratuit, on peut donc s’attendre à une concentration du marché des FAI en Europe en 2000. Comme on l’a vu en France, Deutsche Telekom s’est déjà porté acquéreur de 50 % de Club-Internet pour 450 millions d’euros. Loffre a été rejetée par le groupe Lagardère. Mais ce ne sont pas les FAI qui manquent en France (on en compte une vingtaine). Et les prédateurs ont les dents longues.

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La rédaction