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Les « fossés numériques » français passés au crible

Remis au Parlement dans le cadre de la loi contre la fracture numérique, le texte préconise de porter une attention particulière aux jeunes et aux personnes âgées à l’écart des nouvelles technologies.

Il n’y a pas un fossé numérique dans l’Hexagone, mais trois. C’est ce qui ressort du rapport intitulé « Le fossé numérique en France », que vient de diffuser le Centre d’analyse stratégique, un organisme rattaché aux services du Premier ministre. La publication de ce document de 120 pages était prévue par la loi de 2009 relative à la lutte contre la fracture numérique. Il aurait dû être remis par le gouvernement au Parlement six mois après la publication de la loi.

Fossé générationnel, social et culturel

Le premier constat du rapport est donc qu’il existe trois fossés numériques. Le premier fossé est générationnel, selon les auteurs. « A partir de 55 ans, l’accès à un ordinateur ou à Internet diminue progressivement, presque linéairement, avec l’âge. Les seniors en France paraissent plus isolés que dans certains pays, qui ont su mieux les préparer à l’utilisation du Web en leur permettant d’accéder à des centres de formation ou en adaptant l’ergonomie des ordinateurs (…) En France, seuls 18 % des plus de 65 ans utilisent Internet contre 65 % au Danemark et 68 % en Finlande », indique une note de synthèse.

Deuxième fossé : social. « 34 % des personnes aux plus faibles revenus ont un ordinateur à domicile et 28,2 % une connexion à Internet contre respectivement 91 % et 87,1 % pour les revenus les plus élevés. De manière plus globale, 31,5 % des Français n’ont pas accès à leur domicile à un ordinateur et 37,1 % à Internet. »

Le dernier fossé est culturel : « les personnes les moins diplômées ont un moindre accès à domicile à un ordinateur (56 %) et à Internet (50,5 %). »

Former les seniors

Le deuxième constat du rapport est que des inégalités se creusent dans la population la plus jeune. Les auteurs – qui établissent un lien entre moindre réussite scolaire et absence (ou faible utilisation) d’un ordinateur et d’Internet – demandent aux pouvoirs publics d’apporter une attention particulière aux 15-24 ans qui n’ont pas accès à la Toile à leur domicile.

Troisième constat : les enseignants sont soumis à forte pression pour utiliser les outils numériques, eux qui sont aujourd’hui confrontés de plus en plus aux « natifs », habitués à Internet et au multimédia. Quatrième constat : les nouvelles technologies permettent d’effectuer un meilleur suivi des élèves, grâce à des outils d’apprentissage à la maison, par exemple.

Partant de ces constats, le rapport formule plusieurs propositions : dans le cadre du plan de développement des nouvelles technologies à l’école, accorder une place particulière aux 15-24 ans à l’écart du numérique ; mettre en place un tarif social de l’Internet (projet qui piétine aujourd’hui) ; permettre aux foyers les plus modestes d’accéder au numérique, via, par exemple, des espaces numériques publics où des formations pourraient être dispensées.

Autre proposition : familiariser les personnes âgées à l’informatique et à Internet, pour leur permettre de correspondre plus facilement avec leurs proches, bénéficier d’un suivi médical à distance, ce qui leur permettrait de rester chez elles plus longtemps. Le rapport préconise aussi la mise en place d’espaces numériques dans les maisons de retraite et les accueils de jour.

Télécharger le rapport « Le fossé numérique en France » (PDF)

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La rédaction