« Je n’ai pas peur de témoigner, je sais pourquoi j’ai fait tout ce que j’ai fait ». Dimanche 25 février, Steve Kramer, l’homme à l’origine des faux appels automatisés de Joe Biden destinés à décourager les électeurs d’aller voter, a reconnu être le commanditaire ces coups de fil. Interrogé par le média américain NBC News, le consultant politique, qui travaillait pour un concurrent du camp Biden dans la course à la présidentielle américaine, a expliqué qu’il s’agissait « d’un acte de désobéissance civile visant à attirer l’attention sur les dangers de l’IA dans la politique ».
Loin d’exprimer des regrets, le spécialiste politique a expliqué que grâce à l’IA, il était parvenu à « faire la différence » – c’est-à-dire toucher entre 5 000 et 25 000 électeurs. En janvier dernier, des habitants de l’État américain du New Hampshire avaient reçu un appel de ce qu’ils pensaient être Joe Biden, en pleine primaire démocrate. Le président sortant déclarait que leur vote n’était pas nécessaire – des mots que l’octogénaire n’a jamais prononcés.
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500 dollars pour créer et diffuser ce deepfake
Sans dire si ces appels ont réellement convaincu les électeurs de ne pas aller voter le jour J, Steve Kramer s’est vanté d’avoir payé seulement 500 dollars pour créer ce « deepfake » vocal basé sur « un script qu’il avait spécifiquement choisi ». Pour ce faire, le consultant a fait appel à un indépendant – un magicien, qui se présente comme un « artiste nomade numérique », aussi interrogé par nos confrères quelques jours plus tôt. Ce dernier précise que le faux audio a été créé en moins de 20 minutes, pour un dollar – une « création » facturée 150 dollars. Il n’aurait pas été averti que son deepfake serait utilisé « pour potentiellement affecter ou être utilisé en lien avec une élection ou une activité électorale », a précisé son avocat, interrogé par le média américain.
Pour automatiser et lancer les appels, Steve Kramer a ensuite engagé la société de télémarketing texane Life Co. Coût total de l’opération : 500 dollars, résume-t-il chez nos confrères. Avec cette somme, « j’ai obtenu une action d’une valeur d’environ 5 millions de dollars ». Le spécialiste politique a ajouté qu’il était nécessaire de renforcer l’application de la loi « pour empêcher les gens comme lui de faire de même ». « Même des individus agissant seuls peuvent rapidement et facilement utiliser l’IA à des fins trompeuses et perturbatrices », a-t-il poursuivi chez nos confrères.
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Depuis cette affaire qui a inquiété de nombreux observateurs, plusieurs enquêtes ont été ouvertes. Le procureur de l’État américain du New Hampshire, dans une déclaration précédente, s’était inquiété de ce deepfake diffusé juste avant une primaire, et dont l’objectif flagrant était de tromper les électeurs. Un cas qui, il l’espère, ne sera pas « le premier d’une longue série ».
Depuis, la Commission fédérale des communications, la FCC, a décidé d’interdire ces « appels téléphoniques non sollicités pour arnaquer des membres vulnérables de la famille, pour imiter des célébrités et pour désinformer les électeurs », a précisé sa présidente dans un communiqué publié le 8 février dernier.
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Le consultant politique et commanditaire de ces faux appels a admis, de son côté, qu’il risquait d’être poursuivi par une demi-douzaine de personnes et qu’il pourrait même être condamné à une peine de prison. Il aurait reçu une citation à comparaître de la Commission fédérale des communications – qui n’a pas confirmé ce point auprès de nos confrères.
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Source : NBC News