Successeur inéluctable de l’ADSL, le très haut-débit par fibre optique est la nouvelle pomme de discorde entre les opérateurs télécoms. Certains se disputent déjà les immeubles des grandes villes pour s’y implanter au plus vite, avant
que le secteur ne soit réglementé.Mais ces fournisseurs d’accès à Internet (FAI) vont bientôt devoir travailler ‘ main dans la main ‘ et partager leurs installations au pied des immeubles : telle est la volonté de l’Arcep (Autorité de
régulation des communications électroniques et des postes), qui livrait ce 28 novembre les premières orientations de la future régulation de la fibre en France. En échange, l’implantation des opérateurs dans les immeubles pourrait être
facilitée auprès des syndics, grâce à des recommandations élaborées par le régulateur des télécoms français, et à une évolution de la législation.Selon l’Arcep, la mutualisation d’une partie des réseaux est indispensable, compte tenu du coût énorme du déploiement de la fibre optique en France (plus de 10 milliards d’euros). De plus, les bailleurs et les gestionnaires
d’immeubles ne veulent pas voir s’installer plusieurs réseaux dans leur immeuble. Actuellement, certains préfèrent refuser l’accès à tout opérateur, n’ayant pas la garantie que sa fibre pourra être utilisée plus tard par d’autres FAI. C’est
d’ailleurs le conseil que leur prodiguait
récemment l’UFC-Que Choisir.Le régulateur demande donc un ajustement législatif, qui l’autoriserait à obliger les opérateurs à partager la partie terminale de leur réseau fibre : les équipements situés au pied des immeubles (d’où partiront ensuite les fibres de
chaque opérateur, vers les logements) mais aussi, au départ, les ‘ répartiteurs optiques ‘, qui alimentent un quartier entier.
Peut-être un ‘ droit à la fibre ‘
Pour faire passer la pilule auprès des opérateurs, l’Arcep estime qu’il serait bon de faciliter leur accès à l’intérieur des immeubles, c’est-à-dire obtenir plus rapidement l’accord des syndics. Le régulateur planche déjà sur
l’élaboration d’un guide pratique à leur intention, avec par exemple une convention type, pour les informer sur le cadre en vigueur. Il devrait être prêt pour la fin du premier trimestre 2008.Mais l’Arcep espère que la législation permettra d’aller plus loin : ‘ On pourrait assouplir, par exemple, les conditions de vote dans les assemblées générales de copropriétaires. Sans aller non plus jusqu’au
modèle italien, où le choix d’un seul habitant donne le droit à un opérateur de s’implanter. Il ne faut pas que ce soit la jungle… ‘, illustre Gabrielle Gauthey, membre du collège de l’Arcep.Le régulateur n’exclut pas non plus la possibilité d’un ‘ droit à la fibre ‘, calqué sur le droit à l’antenne télévisuelle, pour que n’importe qui puisse demander l’installation de la fibre dans l’immeuble, en
échange de certaines garanties par l’opérateur.Dernier point, mais non des moindres, l’Arcep demande l’ouverture des fourreaux de France Télécom à la concurrence. L’opérateur historique dispose de plus de 350 000 kilomètres de fibre en France, installés sous les chaussées
et les trottoirs à l’époque de son monopole. Il publiera bientôt les modalités d’une offre ‘ de gros ‘ pour la location de ses fourreaux par la concurrence. Certains d’entre eux sont malgré tout déjà saturés de câbles. Il
faudra donc payer leur nettoyage dans certains cas, mais selon Paul Champsaur, président de l’Arcep, ‘ on peut toujours trouver de la place. C’est si petit une fibre optique… ‘
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