Souriez, vos données en ligne sont en train d’être téléchargées. Et pas par n’importe qui, mais les services gouvernementaux des Etats-Unis. C’est une étude du Parlement européen sur le cloud computing qui le dit. Elle a été publiée en décembre dernier, mais est passée relativement inaperçue jusqu’à présent.
En page 33, ce document estime que le vrai danger au niveau de la surveillance étatique américaine ne provient pas tellement du Patriot Act, sur lequel s’est concentrée l’attention en 2011 et 2012 (notamment médiatique). Une autre loi, appelée FISAA (Foreign Intelligence Surveillance Amendment Act), aurait un impact beaucoup plus important pour la protection des données personnelles des citoyens européens.
Big Brother n’était qu’un débutant
Cette loi a été adoptée pour la première fois en 2008 sous le gouvernement Bush, et vient d’être reconduite, le 29 décembre 2012, pour cinq nouvelles années. Cette loi définit le cadre de la surveillance numérique de citoyens américains et non-américains. L’étude épingle, en particulier, l’article 1881a qui autorise de facto « une surveillance de masse ciblée spécifiquement sur les données de personnes qui vivent en dehors des Etats-Unis et qui ne sont pas de nationalité américaine » dans le cadre de la politique étrangère du pays.
En somme, tous les étrangers en dehors du territoire américain peuvent faire l’objet d’une surveillance politique venant d’outre-Atlantique. Et cet espionnage peut se faire, en particulier, au travers des infrastructures cloud des fournisseurs américains, tels que Google, Microsoft, Amazon, Apple, Dropbox, etc.
Un datacenter espion capable de stocker tout l’internet
Et d’ailleurs, c’est exactement ce que les services américains vont faire, étant donné le gigantesque datacenter que la National Security Agency, organisme gouvernemental responsable du renseignement électronique, est en train de construire dans l’Utah. En mars 2012, le magazine Wired avait publié une longue enquête sur cette infrastructure gigantesque, qui serait capable de stocker des « yottaoctets » de données, c’est-à-dire des milliers de milliards de teraoctets.
IDC a estimé qu’en 2012 la totalité des données numériques allait atteindre 2,7 zettaoctets, soit 0,0027 yottaoctet. En somme, la NSA est en train de se doter d’un outil avec lequel elle peut surveiller toute la Toile, de A à Z ! Et la loi américaine l’y autorise. Qui a dit effrayant ?
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