Trimestre après trimestre, les mauvais résultats traduisaient la mauvaise santé du secteur des équipementiers télécoms en 2001. Le bilan annuel de trois des ténors ?” Nortel, Motorola et Lucent ?” confirme la tendance. Seul le Finlandais Nokia tire son épingle du jeu. Certes, sa croissance fléchit et ses bénéfices reculent, mais au moins est-il le seul à ne pas tomber dans le rouge. Le plus fortement atteint reste Nortel, puisque ses pertes en 2001 ont été une fois et demie supérieures à son chiffre d’affaires. Tout a contribué à précipiter le constructeur canadien aux enfers : commandes dans l’optique ?” son point fort ?” en chute libre ; retard à l’allumage des réseaux 3G ; frais de restructuration énormes ?” la moitié des effectifs, soit 41 900 postes supprimés. Quant aux perspectives 2002, elles ne sont pas franchement optimistes. Frank Dunn, ancien directeur financier et PDG depuis octobre 2001, en remplacement de John Roth, voit le premier trimestre 2002 encore en baisse et risque un timide pronostic de retour au bénéfice pour le quatrième trimestre. Bref Nortel garde un profil bas.
Malgré de mauvais chiffres, l’optimisme est de mise
Chez Motorola, on fait montre d’une même prudence. Le PDG, Chris Galvin, voit un début de l’année encore marqué par des pertes et le redressement, bien timide, ne se fera sentir qu’à partir du troisième trimestre. Au total, l’exercice 2002 devrait être positif, estime t-il, sans plus de précisions. Chez Ericsson, on affiche un peu plus de confiance. Kurt Hellström, le PDG, pense que le remède de cheval appliqué ces derniers mois aura porté ses fruits et que le plus difficile est passé. Il table beaucoup sur son alliance avec Sony dans les téléphones mobiles. Il n’empêche qu’il va quand même supprimer mille postes dans la recherche et le développement. Le seul satisfait est donc Jorma Ollila, le patron de Nokia : les résultats du groupe paraissent miraculeux dans la débandade générale. Il est vrai que si lui aussi accuse le coup avec la baisse des ventes mondiales des téléphones portables, il a fait une remarquable percée dans celui des infrastructures, au point de talonner le numéro un du secteur, Ericsson. Les projets ne manquent pas, puisqu’en pleine crise, l’industriel se permet de lancer une gamme de téléphones de luxe, les Vertu, à 20 000 dollars l’unité.Dans le même temps Lucent et Siemens ont annoncé les résultats de leur premier trimestre. Patrica Russo, qui arrive de chez Kodak, a été nommée à la tête du géant américain au début du mois de janvier. Elle estime que Lucent a touché le fond. Commentant les résultats, Frank D’Amelio, le directeur financier, prédit même une croissance de 10 à 15 %. Il en profitera pour se séparer d’Agere sa filiale semi-conducteurs. Quant à Siemens, sa division Information et communication qui regroupe les activités réseaux fixes, réseaux mobiles, téléphones mobiles et intégration de systèmes, est toujours dans le rouge, faisant même moins bien que le trimestre précédent. Dans le collimateur du PDG Henrich von Pierer, elle pourrait subir de nouveaux dégraissages.
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