Les salaires des directeurs informatiques ont progressé de plus de 15% cette année. C’est une moyenne. En fait, les écarts de revenus varient de plus en plus selon les personnes, la taille et la nature de l’employeur, le mode de rémunération (avec ou sans stock-options, voiture d’entreprise et autres primes). La raison? La rémunération globale des responsables informatiques (DI, DSI, RSI, etc.) inclut une part variable de plus en plus importante. Logiquement, plus l’entreprise est grande, plus les compléments sont substantiels: voiture de société et stock-options, mais aussi retraite complémentaire, abondement, intéressement valorisé, etc. Cette part de salaire variable augmente également en fonction du niveau hiérarchique du responsable informatique. .
Les entreprises utilisatrices paient mieux que les SSII
Cette année, le salaire d’un ingénieur d’études s’élève à 290 kF dans une entreprise utilisatrice, contre 243 kF dans une SSII. Comment expliquer cette différence? Dans les entreprises utilisatrices, le métier d’informaticien est plus complexe. Développeurs et chefs de projet y assurent des tâches diverses, et leur polyvalence a un prix… Enfin, les entreprises utilisatrices sont, en général, beaucoup plus grandes que les SSII: les fonctions de direction y sont mieux rémunérées.
Comment négocier une prime
L’individualisation des salaires obéit à des principes qu’il faut connaitre pour mieux négocier. Primes renouvelables sur objectifs d’entreprise et/ou individuels, primes exceptionnelles, avantages en nature: voici, en cinq points, comment décrypter votre fiche de paie.
1. Primes individualisées: les bénéficiaires
Le principe de la prime est loin d’être acquis. Celle-ci est souvent subordonnée au niveau hiérarchique. Bien sûr, la santé financière de votre entreprise entre en ligne de compte. Celle-ci n’est pas forcément aussi florissante que celle des SSII, qui enregistrent des croissances de 20% en moyenne. Pour celles-ci, la part de salaire variable est surtout déterminée par les objectifs commerciaux. Chez les utilisateurs, la logique est différente. “Ma société procède plutôt à des licenciements, il vaut mieux se faire petit”, déplore un chef de projet dans une PME industrielle. Cela dit, votre entreprise peut avoir des difficultés à trouver, sur le marché, les compétences qu’exige votre poste. Actuellement, l’ingénieur bases de données semble plutôt favorisé par rapport à un ingénieur réseaux ou à un chef de projet. En général, si votre entreprise applique depuis longtemps le système de la part variable, vous avez toutes les chances d’en bénéficier.
2. A quel montant peut-on prétendre?
e montant de la part variable est plus élevé dans les SSII que dans les entreprises utilisatrices. Les SSII offrent parfois jusqu’à 25% de la rémunération fixe (hors commerciaux). Dans les entreprises utilisatrices, vous devrez sûrement vous contenter de moins de 10% de votre salaire.
3. Les critères d’évaluation
‘est le flou artistique. Un directeur informatique avisé établit des critères précis de calcul. Il faut mettre en avant ses qualités de manager d’équipe et/ou de projet. Vos employeurs recherchent de bons chefs, capables d’encadrer des équipes mais aussi de suivre la gestion administrative et financière d’un projet. La qualité de vos relations avec les utilisateurs dans le cadre des projets est déterminante. Mais vous pouvez être aussi récompensé pour le respect de vos délais et vos compétences techniques.
4. Et l’an prochain?
n général, une prime est conjoncturelle, donc non reconductible. Elle est rarement inscrite aux contrats, sauf pour les hauts responsables.
5. Individualisation des salaires: les perspectives d’évolution
Hâtez-vous de négocier, car les 35 heures ont déjà un impact dans les entreprises. En outre, les entreprises font de plus en plus appel aux CDD, voire aux intérimaires, qui ne percevront ni augmentation, ni prime.
La fidélité paie mal
Un marché de l’emploi tendu et l’approche de l’an 2000 compliquent les relations entre les équipes informatiques et leur direction. Les informaticiens prônent les augmentations individuelles et les primes, mais sont rarement satisfaits de ce qu’ils ont obtenu récemment.
Le caractère aléatoire des récompenses est critiqué. Les critères d’attribution sont mieux acceptés s’ils sont fixés d’avance. “Ajuster le montant de la prime aux résultats financiers de la société est un excellent principe: cela empêche les gens de jouer les francs-tireurs”, analyse Marie, responsable bases de données dans une entreprise internationale.
Les informaticiens des entreprises utilisatrices ont, en général, plus d’ancienneté que leurs homologues des SSII. Ils sont, en conséquence, mieux payés. Mais beaucoup pensent que leur salaire n’a pas progressé à la mesure des compétences acquises et estiment que, à niveau d’expérience égal, ils gagneraient davantage dans une SSII. “En dix ans, j’ai progressivement étendu mes responsabilités. Mais aujourd’hui, je n’ai ni le statut ni le salaire correspondant à ma fonction”, raconte Joël, technicien support dans une société de restauration.
L’informaticien en entreprise utilisatrice est plus fidèle que ses collègues de SSII. Ce peut être un choix par défaut: “A 36 ans, je suis trop vieille pour postuler en SSI “, s’exclame une ingénieur d’études dans une banque parisienne. Les offres d’emploi s’adressent plutôt aux jeunes diplômés ou ingénieurs avec un à deux ans d’expérience. Dans les entreprises utilisatrices, les ingénieurs apprécient les nouveaux projets et les opportunités de formation qui les accompagnent. Craignant de se retrouver dépassés, Internet, Windows NT et les réseaux sont en tête de leurs préoccupations.
Les entreprises misent sur la formation pour fidéliser leurs ingénieurs. Elles proposent des sessions techniques, ainsi que des séminaires et des stages destinés à améliorer les qualités de management et de communication des informaticiens. Pourtant, ils sont nombreux à dénoncer l’absence d’une politique de fidélisation: “80% de nos équipes ont été renouvelées en deux ou trois ans, et l’on n’a rien fait pour les retenir”, explique Jacques, responsable bases de données dans une banque.
Le salaire tabou
Le salaire reste un sujet tabou dans les entreprises françaises. Première raison invoquée: “Les salaires des informaticiens ont tellement augmenté que le fossé se creuse avec les autres métiers au sein d’une même société. Du coup, le niveau de rémunération devient très sensible et de plus en plus confidentiel”, explique Guillaume Leneveu, consultant du cabinet de recrutement Robert Half. Les importantes disparités qui existent au sein des memes services compliquent encore les choses.
Les Américains, au contraire, abordent la question avec leur légendaire franc-parler. Thomas, jeune ingénieur installé dans la Silicon Valley, en témoigne: “La transparence des salaires? C’est une réalité ici: tout le monde compare son salaire. Il est normal de parler d’argent, et les négociations sont beaucoup plus normales et décontractées qu’en France, où l’on a toujours l’impression de passer pour un mercenaire quand on demande une rallonge!”. Mais ce modèle s’exporte peu. En France, dans les filiales de sociétés d’origine américaine, le secret reste la règle. “Notre culture est internationale, sauf pour la transparence des salaires. Nos augmentations et primes dépendent de plus en plus de la direction européenne. Et personne ne souhaite en parler”, explique Jacqueline, haut responsable d’un cabinet de conseil américain.
d’après Corinne Zerbib, 01 Informatique
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