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Les entreprises s’engagent face au déficit d’experts en monétique

Confrontés depuis un an à un manque de compétences en matière de transfert de fonds par voie électronique, banques et industriels créent des modules de formation.

Les besoins en ressources humaines dans le domaine de la monétique ont été évalués, pour 2001, à plus de cinq mille personnes en France. Aujourd’hui, le déficit s’élève à près de la moitié de ce chiffre. Cette carence importante d’experts provient de la rareté des formations spécialisées”, constate Jean-Marc Forlani, président-directeur général de la société de services EAC Corporation (groupe Ingenico).En effet, excepté les deux programmes universitaires dispensés par l’Ecole nationale supérieure d’ingénieurs et l’IUT de Caen, aucune filière dédiée au secteur de la monétique n’est disponible à ce jour. Pourquoi ? Parce que, ces dernières années, on n’en parlait pas beaucoup. Or, avec l’arrivée de gros projets innovants, tels que le porte-monnaie électronique, l’euro et de nombreuses règles et normes internationales, parmi lesquelles EMV – technologie de la carte à puce commune à Europay, Mastercard et Visa -, la plupart des SSII et des banques ont, du jour au lendemain, connu un besoin considérable d’experts.

Les débutants sont aussi une denrée rare

“La croissance de la demande n’a pas été suffisamment préparée, alors que ce secteur d’activité s’est très rapidement développé”, regrette Barbara Baissac, directrice des ressources humaines de la SSII Oza. Cette situation s’aggrave.Parallèlement, ce manque de compétences est vécu très difficilement par les entreprises et les banques qui doivent faire face à une compétition agressive. C’est à celui qui débauchera le plus les profils. “Nous avons de grandes difficultés à recruter. Et lorsque nous trouvons notre bonheur, nous peinons à retenir nos recrues. Celles-ci ont très souvent beaucoup de mal à ne pas céder aux sirènes de concurrents ne se privant pas de faire de la surenchère, regrette Eric Rolf, responsable des études chez Europay France. Il est, en outre, très important de fidéliser les ressources existantes sous peine de les voir partir ailleurs.”
Parmi les profils les plus recherchés, chefs de projet, consultants et experts internationaux occupent le haut de l’affiche. Les débutants sont aussi une denrée rare. Ils sont généralement recherchés sur des salons et par le bais d’annonces dans la presse.Certaines entreprises n’hésitent pas à se rendre directement sur les campus d’écoles d’ingénieurs ou de facultés. D’autres vont même jusqu’à mettre sur pied des programmes spécifiques. C’est le cas d’EAC, qui enverra, dès septembre prochain, ses consultants dans les amphithéâtres des universités de Lille, de Paris-Dauphine et de l’INT Management. Ils y dispenseront des modules d’information générale de vingt-quatre heures sur les métiers de la monétique. Cette démarche est déjà suivie par la SSII MCO dans le cadre de ses forums de la monétique à Montpellier (avec des modules de trente heures sur trois ans).Les sociétés se lancent également dans le prosélytisme. “Pour faire connaître ces métiers, nous n’avons d’autre choix que de prendre notre bâton de pèlerin et de faire le tour des écoles et des universités”, explique Danièle Madelenat, directrice de ressources humaines d’EAC. Le but est de susciter chez les jeunes en fin de formation l’envie de travailler pour ce secteur, en leur présentant les carrières professionnelles qu’il offre.Industriels et banques cherchent ainsi à tirer la sonnette d’alarme. Il est grand temps de se constituer un vivier de spécialistes et de casser la vieille image, peu séduisante, véhiculée par les métiers de la monétique depuis des années.

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Christelle Levasseur