A la différence de Colombo, Alain Bernier n’évoque pas sa femme à chaque enquête. Pourtant, elle-même détective privé, elle est à la base de sa vocation : alors que son mari rencontrait des difficultés en tant que représentant, elle l’a présenté à son patron. De là est née une passion à laquelle Alain Bernier a pu associer son goût pour l’informatique. Spécialisé dans la net économie, il prépare un site dédié à ce secteur, en complément d’Almadetectives.com, le web de l’agence bordelaise éponyme.Si les traditionnelles filatures occupent le plus clair de son temps, le détective peut déjà conter mille et une petites histoires d’internet. Il y a cette procédure familiale, confiée par un avocat, concernant le directeur d’une société cotée en Bourse qui prétendait ne pas disposer de revenus. Le détective démonta vite ce mensonge, amenant comme preuve les communiqués de presse diffusés sur le site de la société, qui attestent de l’agrandissement des locaux ou du chiffre d’affaires. Il usa de ce même procédé pour démontrer, à la demande d’une maison mère néerlandaise, la falsification du chiffre d’affaires par le directeur de sa filiale française.Ce jeu de piste enfantin se complique lorsqu’il s’agit de lutte antipiratage. Dans ce cas, pour démasquer l’auteur de messages illicites, la signature électronique ou les mots clés à essayer dans les moteurs de recherche sont autant d’indices possibles.
Affaires d’un nouveau type
Internet a non seulement favorisé l’émergence de nouveaux types d’affaires, mais a aussi permis d’accroître le nombre de demandes internationales, assure Alain Bernier. Ainsi se souvient-il de cette société taïwanaise qui souhaitait découvrir les procédés de fabrication de coques de bateaux d’une entreprise française. “Mais ce sont des affaires que nous ne pouvons pas traiter“, rappelle le détective, eu égard au droit français. L’essentiel des enquêtes émanant de l’étranger consiste souvent à vérifier l’identité de dirigeants ou à démontrer la solvabilité des sociétés.Il apporte aussi des conseils aux personnes souhaitant éviter le spamming (envoi massif de messages non sollicités par l’internaute) ou voulant en découdre avec des conflits de droits d’auteur. On est bien loin du détective stéréotypé, coiffé d’un chapeau et portant son arme en holster. De ce cliché, seule la bouteille de whisky planquée au fond d’un tiroir subsisterait, indique en souriant Alain Bernier.
Alain Bernier est vice-président du Conseil national supérieur professionnel des agents de recherches privées.
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