Rien ne va plus pour les incubateurs privés. Comme leurs protégées, les “éleveurs” de start-up connaissent une crise qui s’intensifie depuis 6 mois. Aujourd’hui, c’est au tour de Brainspark d’entrer dans la tourmente. L’incubateur britannique, coté à Londres, vient d’être racheté 8,45 millions d’euros (55,4 millions de francs) par AI Software, un éditeur de logiciels. Une bouchée de pain, en comparaison de sa valorisation de 245 millions d’euros d’avril 2000. Dix-huit mois plus tard, les caisses semblent en outre bien vides : Brainspark ne dispose plus que de 7,8 millions d’euros de trésorerie.Autre grosse pointure britannique, Antfactory est sur le point de passer sous la coupe de la société de courtage et de gestion d’actifs Seymour Pierce Group, en échange de 380 millions de nouvelles actions et une valeur maximale de 80,4 millions d’euros. Il faut dire que l’incubateur avait réussi le tour de force de lever 210 millions d’euros auprès de capital-risqueurs de renom tels que Whitney and Co, CVC Capital Partners, ou Citicorp Venture Capital.Dans l’Hexagone, l’heure n’est pas non plus à la fête. Les incubateurs se retrouvent face à un choix qui n’a rien de cornélien : mettre la clé sous la porte ou se repositionner.Fin juin 2001, l’Allemand Venture Park a fermé l’ensemble de ses filiales dont la française. L’émanation de Pixel Park rend alors les 20 millions d’euros encore disponibles à ses investisseurs.
Les conseilleurs payés
Face à ces déboires en chaîne, certains espèrent avoir trouvé la parade en facturant des prestations de services. Chez Republic Alley, on affirme ne pas renier l’ancien modèle économique : une prise de participation dans les start-up contre un apport de capital et des prestations de conseil. Pourtant, force est de constater que l’incubateur facture désormais certains services par le biais de nouvelles filiales : Republic Alley Ressources Entrepreneuriales et Republic Alley Management.La transition est encore plus rapide chez Tocamak qui, après seulement six mois d’activité, a renoncé définitivement à l’incubation dès la mi-2000. Depuis, la société sépare clairement ses activités de capital-risque (Tocamak Venture) de celles de conseil en ressources humaines (Tocamak Search) et de conseil financier (Tocamak Finance). Et dans ce morne paysage, seul Kangaroo Village semble rester fidèle à son modèle économique. “Les incubateurs ont cru que les phases de création d’entreprises seraient courtes. Ils ont espéré réaliser de forts TRI [taux de rendement interne, ndlr] sur neuf mois. Parallèlement, les phases de levée de fonds se sont allongées, les obligeant à trouver d’autres centres de profits”, explique Martin Duval, directeur général d’Invent Mobile, l’incubateur d’Orange et de Wanadoo.Alors que les incubateurs privés connaissent des difficultés, les incubateurs institutionnels semblent promis à davantage de succès, car ils s’inscrivent dans un projet industriel : faire émerger des marchés. Invent Mobile, incubateur industriel, doit bien sûr dégager des bénéfices, mais il s’applique avant toute chose à favoriser la création de services multimédias mobiles. Un axe de développement pour lequel la structure dispose d’un budget de 6 millions d’euros sur 2 ans.
Course au mobile
Avec déjà quatre jeunes pousses dans son portefeuille ?” dont Mobilabs, qui s’apprête à lever 2 millions d’euros en février ?” Invent Mobile entend signer six nouveaux dossiers d’ici à la fin de l’année. La filiale de l’opérateur historique France Telecom devra cependant se disputer les dossiers mobiles avec Siemens Mobile Acceleration (SMAC), filiale du géant allemand, créée au premier trimestre 2001.Ce dernier, acteur paneuropéen, vient d’ouvrir un bureau à Paris. SMAC dispose d’un budget annuel de 20 millions d’euros, destiné à investir en amorçage dans les services ou les technologies mobiles. Loin des premières pouponnières internationales, les acteurs français de lincubation privée prennent ainsi le chemin du conseil associé au capital-risque.
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