Après la colère
des professionnels du livre américain, c’est au tour des éditeurs français de monter au créneau. Le groupe La Martinière poursuit Google pour contrefaçon et atteinte au droit de
la propriété intellectuelle. L’éditeur reproche au moteur de recherche d’avoir reproduit sans autorisation préalable une centaine de livres au minimum, tous protégés par le droit d’auteur.‘ Il est difficile d’estimer exactement le nombre d’ouvrages concernés. Nous reprochons à la société américaine et à sa filiale française d’avoir reproduit et mis à disposition unilatéralement des extraits de nos
livres sur son service Google Livres (1). Sans compter la contrefaçon, en agissant de la sorte Google tente de s’imposer comme partenaire auprès des éditeurs. Il clôt de facto toutes négociations avec d’autres prestataires
pour d’éventuels projets de mise à disposition de contenu sur Internet ‘, justifie Emmanuel Schalit, directeur général des éditions La Martinière.Par cette action, le groupe entend défendre les intérêts du Seuil, de Delachaux et Niestlé ainsi que d’Abrams, les trois maisons d’édition dont des extraits d’?”uvres ont été retrouvés en ligne. La Martinière demande
1 million d’euros de dommages et intérêts assortis de 100 000 euros d’astreinte par jour et par infraction.En décembre 2004, la société californienne a entrepris de numériser les millions de livres contenus dans les bibliothèques de cinq prestigieuses universités. Et ce, sans accord préalable des maisons d’édition ou des auteurs. Dans une
interview accordée lors du
Salon du livre par Jens Redmer, directeur européen de ce programme, celui-ci minimisait l’impact de
Google Livres : ‘ Nous numérisons des livres qui sont tombés dans le domaine public. Ou bien des ouvrages protégés par des copyrights, mais qui ne sont plus disponibles dans le commerce. Dans ce cas, l’internaute n’a pas
accès à l’?”uvre entière. Uniquement à son titre et à un extrait de quelques pages. ‘
L’éditeur espère être rejoint par d’autres confrères
Moins disert, on se dit aujourd’hui chez Google ‘ très déçu de la réaction des éditions La Martinière. Le programme de recherche de livres est une vraie opportunité pour toutes les maisons d’édition. Le
litige ne nécessitait pas d’aller devant les tribunaux. Nous avons mis en place des procédures dont sont au courant l’ensemble des professionnels. ‘
bien vouloir lui signaler toutes les ?”uvres qu’ils ne voulaient pas voir apparaître dans son programme de bibliothèque virtuelle. ‘ Ce n’est pas à nous de faire la chasse aux ?”uvres que numérise Google pour dire si oui
ou non nous en autorisons la diffusion d’extraits, mais à Google de négocier au préalable. Mis devant le fait accompli nous n’avions d’autres choix que de passer devant la justice ‘, commente Emmanuel Schalit.Première en France à poursuivre l’américain à ce sujet, La Martinière espère être rejointe par d’autres confrères. Une maison d’édition allemande a entamé des poursuites contre Google pour le même motif il y a quinze jours.
‘ Nous sommes certains que les maisons d’édition ne doivent pas se tenir à l’écart du numérique, c’est un élément primordial de l’évolution de notre métier. Mais le futur doit s’écrire à plusieurs ‘,
conclut Emmanuel Schalit. Sa prochaine page sécrira en tous les cas devant les tribunaux.
(1) Google Livres regroupe deux activités. Un programme à destination d’éditeurs partenaires dans lesquels ceux-ci référencent leurs publications pour les vendre en ligne. Et une bibliothèque numérique, conçue grâce à
un accord avec cinq universités anglo-saxonnes. Dans ce dernier cas, les extraits en ligne de livres sont numérisés sans consentement préalable des éditeurs et des auteurs.
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