L’année dernière a été difficile pour les stars de l’e-commerce. D’anciennes start-up telles que Ariba et Commerce One ont dû faire face à de douloureuses reconfigurations, affichant de lourdes pertes et procédant à des licenciements massifs. On est loin de la phase d’euphorie de 1999, lorsque les mêmes avaient créé de toutes pièces le marché des progiciels d’achat sur Internet et de places de marché électroniques. Leurs innovations avaient été récompensées par des alliances flatteuses, puisque Ariba avait séduit IBM et i2 Technologies, tandis que SAP se fiançait à Commerce One.À leur décharge, il faut dire que, entre 2000 et 2001, la demande pour les logiciels de places de marché transactionnelles, publiques ou privées, s’est écroulée de 70 %, selon le GigaGroup. Désormais, i2 Technologies, Ariba ou Oracle s’éloignent de ce type d’offre. D’autres segments de marché de l’e-business ont vécu aussi des moments difficiles. En particulier, les spécialistes des plates-formes de vente en ligne tels qu’ATG, BlueMartini, Intershop ou BroadVision ont vu leur chiffre d’affaires plonger de 15 à 40 %. Tous affichaient des pertes nettes fin 2001, parfois impressionnantes, pour cause de restructuration.Ce début d’année s’annonce toutefois meilleur pour Ariba, ATG ou BroadVision, selon le GigaGroup. En revanche, Commerce One semble en position plus délicate. Il est vrai qu’il entre désormais en concurrence avec SAP, sur le marché de l’e-procurement et de l’e-sourcing ?” SAP ayant développé sa propre technologie dans ces domaines. En outre, toujours selon le GigaGroup, Commerce One s’est trop centré sur les applications transactionnelles, alors que ce sont les applications collaboratives telles que peuvent en proposer i2 Technologies, Manugistics ou Syncra qui ont le vent en poupe. L’éditeur réagit en rendant son offre accessible aux PME-PMI grâce à un découpage en modules, sous la forme de services Web.
Des réaménagements majeurs
De manière plus globale, le marché des logiciels d’e-commerce est à la veille de réaménagements majeurs. Le cabinet Forrester Research pointe la rivalité montante entre les spécialistes de la vente en ligne et les fournisseurs d’infrastructures. Les premiers ?” parmi lesquels ATG, BlueMartini, BroadVision ou Intershop ?” proposent des plates-formes de commerce fonctionnant comme des composants sur les serveurs d’applications des seconds, qui commercialisent de leur côté leurs propres offres. Par exemple, les solutions de BlueMartini et de BroadVision fonctionnent sur le serveur J2EE WebLogic de BEA Systems, qui vend WebLogic Commerce Server. De même, ATG sera adapté au serveur d’iPlanet, qui, pour sa part, commercialise Sellerxpert. Forrester souligne toutefois les lacunes des vendeurs de serveurs d’applications. Ils ne fourniraient que les briques de base auxquelles manqueraient des outils évolués d’analyse, de supervision et de gestion de catalogues, ceux-ci devant être développés par l’entreprise. Dans ce tableau, il ne faut pas oublier les deux poids lourds, Microsoft et IBM. Non seulement ils possèdent des plates-formes de commerce, dotées des outils ad hoc (marketing, traitement des commandes et gestion de catalogues), mais ils disposent également de serveurs d’applications, de bases de données et de logiciels d’intégration. Des atouts qu’ont relevés les analystes d’AMR Research et qu’ils regroupent sous le nom d’infrastructures pour l’e-commerce.Or, ces infrastructures deviennent un enjeu stratégique. Sur le terrain, les entreprises procèdent actuellement par projets métiers départementaux. Elles acquièrent séparément un portail, un serveur d’intégration afin de relier un ERP à une application de CRM, tout en configurant une passerelle de communication pour un pilote RosettaNet avec des partenaires commerciaux. Elles achètent les meilleurs composants plutôt que de s’en remettre à un seul vendeur. D’où d’énormes besoins d’intégration. Pour AMR Research, il est temps d’adopter un cadre global, respectant les standards, et dans lequel on peut déployer des composants d’infrastructure interopérables : serveur d’applications, portail, gestion des processus métiers, modèles de données analytiques, plate-forme de communication et supervision.Quel éditeur sera le mieux placé pour délivrer cette plate-forme ? Pour AMR Research, ce sont IBM et Microsoft qui mènent la course. Ils sont suivis de BEA Systems, Oracle et Sybase, tandis que HP et Sun sont à la traîne. Mais il faudra encore attendre un an à un an et demi avant d’obtenir d’un seul vendeur une infrastructure unique convenable.Pendant ce temps, ces éditeurs doivent intégrer les différentes briques qu’ils possèdent déjà et ajouter celles qui leur font défaut. “À cause du manque d’intégration, utiliser aujourd’hui les logiciels d’un seul vendeur revient souvent au même que d’utiliser les logiciels de plusieurs vendeurs de niche, plus petits”, prévient Peter Austvold, consultant chez AMR Research. Il est impossible de standardiser son infrastructure autour d’un seul vendeur. Au point que, dans un projet informatique, 50 % des coûts servent à résoudre les difficultés d’intégration. Une insuffisance qui offre à Larry Elisson, p.-d.g. d’Oracle, son argument phare : sa solution intégrée répond à tous les besoins, de sorte que les entreprises n’ont plus à se ruiner pour faire communiquer entre elles des applications d’e-procurement, de portail, d’ERP, de traitement électronique des factures, etc., en recourant à des bataillons de consultants d’IBM Global Services. “C’est bien pour les clients d’Oracle, mais, que font les entreprises qui ont déjà des logiciels d’autres éditeurs ?”, questionne Peter Austvold.
Miser sur l’ouverture
Mais même Oracle a compris qu’il était important de miser sur l’ouverture. Il s’est ainsi doté d’un serveur d’applications J2EE, acquis auprès d’un éditeur nordique, et annonce une ouverture d’Oracle 11i vers les services Web, de telle sorte que ce progiciel puisse être interrogé en xML.
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